Le blog de Richard


L’heure du TT

C’était la première fois, mais ça n’a pas été si douloureux. Pour moi en tout cas.

Je parle de mon expérience personnelle de travail à partir de la maison, appelé aussi télétravail.

En plus de 25 ans sur le marché du travail, jamais je n’avais expérimenté le fait d’effectuer chez moi mes devoirs professionnels pendant plusieurs jours d’affilée.

Pourquoi? À cause de Chaï. Si vous ne connaissez pas la bête, c’est que vous avez omis de lire mon blogue de la semaine dernière, infidèle lecteur.

Les télétravailleurs au pays sont passés de 600 000 (6 %) en 1991 à 1 million (9 %) en 1995, puis à 1,4 million (10 %) en 2000. Depuis, leur progression stagne. Contrairement à l’Europe où les TT (télétravailleurs) représentent jusqu’à 20 % des effectifs de certains pays.

Dans la colonne des plus, je note l’économie de temps et d’argent en transport pour me rendre au boulot. Rien d’autre de positif. Colonne maigre.

Du côté des moins, je déplore une baisse de mon activité physique, une confusion entre les besoins domestiques et mes obligations professionnelles, et surtout une perte de contact avec mes collaborateurs.

J’ai senti un « glitch! », comme disent les experts en transmissions qui glissent. Trop habitué à me voir du matin au soir, avant et après son départ du bureau, chaque employé a réagi à sa manière devant mon apparente absence : inquiétude, relâchement, attentisme ou au contraire initiatives téméraires.

Au finish, aucune valeur ajoutée au rendement ni à l’ambiance au bureau. Pas plus chez moi, à la maison.

Comme si la présence physique, en cette ère d’avatars, avait encore une importance que la profusion de courriels et d’appels n’arrive pas à relativiser.

La civilisation est ici assurée. Autant que lorsqu’un enfant lit ou peint ou joue au hockey bottine dans la rue, malgré les tentations d’Internet et des jeux vidéo.

Somme toute, je ne suis pas un TT. Plutôt un PP. Pour « présence permanente ».

Alors si Chaï a encore besoin de ma PP, c’est au bureau qu’il la trouvera… et qu’il me suivra!


Le meilleur ami

Chaï, il s’appelle. Ça se prononce Tcha_i, difficilement, pour être sûr de ne confondre son nom avec aucune autre consonance de la langue française. À part peut-être le singe aye-aye, que j’utilise rarement, sauf au Scrabble. Un mot qui paye. L’opposant fait « Aïe! »

Chaï a huit semaines plus trois jours. Trois jours de paternité canine. Mais pas trois nuits. Zéro nuit. Zéro dodo. Toutes passées à sortir Chaï, qui a la vessie grosse comme une prune, j’exagère, un pruneau.

C’est un caniche royal. Ainsi les qualifie-t-on par chez nous, alors que l’appellation d’origine contrôlée et européenne de la race est caniche standard. De la royauté en Nouvelle-France, nous n’avions que la fleur de lys. On a aussi un chien maintenant. On progresse.

Donc, je suis là, aux aguets de la moindre envie de sieur Chaï pour me précipiter dehors tout de suite après avoir lancé son nom suivi d’un non retentissant quand monsieur s’est échappé trop vite.

Je suis las, à essuyer, à faire boire, à rentrer, à lui montrer « assis » et « viens », à le faire jouer, à l’essuyer encore, à l’épier toujours. À lui répéter qu’il est bien, qu’il est bon, qu’il est beau.

Et bientôt ma femme lui fera les ongles et je lui ferai prendre son bain.

Puis on sortira aux aurores parce qu’il le voudra.

Plus de doute : l’homme est le meilleur ami du chien.

Mon nouveau maître


Le ton rouge

C’est gavés de Ô Canada! et de rouge que nous amorçons mars. En fait, la couleur rubis restera longtemps dominante, bien après les Olympiques…

Car rouge sera la couleur de l’encre du budget déposé aujourd’hui par le ministre James Flaherty, si on se fie au ton du discours du Trône prononcé par la gouverneure générale.

Écarlates seront en effet les contribuables en lisant un chiffre : 56 milliards de dollars de déficit cumulé.

Les visages des partis d’opposition s’empourpreront pour souligner la difficulté du gouvernement à soutenir l’économie pour contrer le ralenti postrécession.

Face à tout cela, un p’tit verre de grand rouge est peut-être la meilleure chose à faire pour avaler la pilule et se dire, après un deuxième ou un troisième verre, qu’on va survivre!

Mais le bleu reviendra. D’abord dans le ciel printanier tout doux. Et tous les parlementaires, heureux de pouvoir recommencer les travaux en chambre après cette fameuse prorogation, souriront de nouveau.

Puis ça sentira les éliminatoires du hockey professionnel, et on se mettra à espérer que le rouge des chandails du Canadien restera longtemps à l’écran, malgré l’appel des verts du golf.


La gadoue

Pendant qu’un grand nombre de nos marchands, ces dates-ci, poussent l’ananas et moulent le café, d’autres, comme nous, subissent la gadoue.

Pour les Français, la gadoue, ce n’est pas de la sloche, c’est, et je cite le dictionnaire : « un compost de matières fécales et d’immondices ».

Pour nous, Québécois, c’est un mélange de neige fondante et d’eau, qui éclabousse les chaussettes et bouchonne les routes.

Donc, on peut dire que pour tout le monde, c’est du caca. Et qu’on s’en passerait.

Notre économie ressemble en ce moment à cette soupe. Une mélasse difficile à décrire en termes de couleur et de texture. Dure à prédire aussi. On ne sait pas comment vont se dérouler les mois à venir en magasin. Ensoleillés ou pluvieux ou entre les deux.

Vivement que l’hiver nous quitte ou qu’il revienne, mais que cesse cet entre-deux sans personnalité, qui interdit les loisirs et limite les activités les plus quotidiennes, tellement c’est « ouache »!


Enfin chez vous!

Après deux ans de cogitation, de planification et de pleins d’autres notions se terminant en « ion », j’ai de… l’action!

Sherbrooke, Pointe-Claire, Laval, Beloeil, Bernières, Lévis, Rimouski, Métis, Québec, Saint-Augustin-de-Desmaures, Drummondville, Terrebonne, Lachute, Gatineau, Trois-Rivières, Saguenay. Autant de municipalités visitées ces jours-ci pour présenter aux marchands et aux manufacturiers ce que l’AQMAT et son portail jerénovici deviennent.

Nos membres apprécient nous voir. Ils ont soif de comprendre comment nous changeons pour mieux répondre à leurs besoins.

C’est pourquoi je ne prendrai que deux minutes pour vous écrire mon blogue.

Je veux retourner les voir, leur serrer la main, les écouter. Leur parler aussi, s’il reste du temps, une fois la période d’apprivoisement mutuel passée.

En 2010, je me suis promis de visiter toutes les régions et de prendre du temps de qualité avec chacun des 900 membres.

Je suis si content de mettre des voix et des visages sur ces lecteurs de Quart de Rond, sur ces humains commerçants et fabricants plutôt que de simples nombres et statistiques, que je le ferais bénévolement. (Mais ne le dites pas aux administrateurs de l’Association!)


On the Road

Le Québécois d’origine Jack Kirouac s’est fait connaître pour ses road essays aux quatre coins des États-Unis. Pour ma part, modestement, je prends d’assaut les routes du Québec ces heures-ci. Je fais un « rep » de moi-même.

Quelques milliers de kilomètres seront avalés au cours des prochaines semaines. Les huit zones géographiques, toutes, je les visiterai.

À la rencontre des marchands membres. À la rencontre des non-membres qui devraient l’être parce qu’ils sont engagés dans la déco ou dans la réno. À la découverte de fabricants d’articles et de matériaux pour la maison en vue de les intéresser au portail jerénovici.net.

Les trois axes – management, économie, politique − de notre planification stratégique 2009-2013 étant maintenant chargés d’action, il me faut aller à la montagne. Et au fleuve. Et ailleurs. Partout où sont nos membres et les non-membres. Parce qu’eux ne viendront pas naturellement vers nous. Ils nous méconnaissent. Et je suis délicat quand je dis cela. Car la réalité est plus dure : ils n’attendent rien de leur association, ils suivent avec trop peu d’intérêt ce que l’on dit et ce que l’on fait.

Hormis les habitués de nos activités et ceux et celles qui lisent Quart de Rond d’une couverture à l’autre, la grande majorité ignore encore notre plan de match. Leurs journées sont trop longues, les urgences trop pendantes au bout du nez pour qu’ils se paient le luxe de se poser pour prendre le recul nécessaire à la bonne compréhension de ce que l’AQMAT est devenue et devient.

Alors, bâton de pèlerin bien en main, GPS de l’autre, c’est parti. Je prendrai des photos. Comme ça, vous voyagerez avec moi.


Fiançailles du bois et de l’écologie

C’est fou l’effet de Richard Desjardins et de sa fameuse Erreur boréale. Les vingt marchands venus à Sherbrooke ce matin pour mettre à jour leurs informations sur l’état de nos forêts sont sortis ébahis du séminaire. Les ingénieurs forestiers et autres experts invités par la Coalition BOIS Québec et l’AQMAT ont été unanimes à vanter la santé et le potentiel du Québec en bois et en produits technologiques utilisant le bois et d’autres matériaux.

Il nous faudra beaucoup de salive et d’encre pour comprendre l’évolution constante et accélérée que connaît le management des forêts québécoises depuis 1986, d’autant plus que la réforme actuellement évaluée en commission parlementaire va encore changer bien des choses.

Le titre de ce premier séminaire d’une série de quatre était : « Suivez la tendance, faites flèche de tout bois ». C’est un bon libellé, mais la réalité est que cette fameuse vague verte, qui rime avec « achat local », certification et traçabilité, va se transformer en tsunami.

Pour ses vertus écologiques, notamment dans la lutte aux gaz à effet de serre, le bois va marquer des gros points sur le marché du non-résidentiel.

Les trois autres séances de perfectionnement se poursuivent à Rimouski, à Gatineau et à Saguenay. J’ai déjà hâte.

Au fond, qui sait si l’appel aux loups de Desjardins, si nocif à court terme, n’aura pas provoqué une prise de conscience collective et notre changement de comportement?


Mis en boîte

Ceux et celles qui me connaissent savent qu’il n’est pas facile de me mettre en boîte. En revanche, les plus fidèles à mon blogue se souviendront que j’achetais une maison. Réf. :  Je suis tombé pour une vieille victorienne.

Et qui dit « achat de maison » dit « déménagement », ce qui m’amène aux boîtes. Tellement de cartons jonchent le plancher de ma nouvelle demeure que cette semaine, je n’ai de choix que de me fermer… la boîte! De rentrer à une heure normale, d’enlever ma cravate et de travailler pour vrai.

Vivement que le portail jerénovici.net voie le jour pour m’aider à trouver articles et matériaux et outils, car des travaux et des achats pour le dedans et le dehors, il y en aura.


Etre payé, pas à n’importe quel prix

S’il y a encore des marchands qui s’interrogent à savoir pourquoi l’AQMAT et les autres associations commerciales s’activent tant à donner des dents au code de conduite proposé par le gouvernement canadien pour encadrer l’industrie des cartes de crédit et de débit, c’est parce que la situation est devenue ridicule. Les deux principaux émetteurs de cartes de crédit, Visa et MasterCard, ont multiplié, depuis une décennie, le nombre de cartes à primes offrant des voyages ou autres avantages, avec comme conséquence pour les marchands que les frais administratifs entre un paiement par Interac versus un autre fait par carte « premium » sont aussi différents que peuvent l’être le jour et la nuit.
Comparaison entre 1000 transactions totalisant un volume d’achat de 100 000 $
Mode de paiement            Taux ou tarif            Coût marchand
Par carte de débit Interac            10 sous / opération            100 $
Par Visa Gold Air Miles            3,5 % des montants            3 500 $
C’est pourquoi, le 19 janvier, les associations formant la coalition ont déposé auprès du ministre James Flaherty leurs commentaires et suggestions à la suite du projet de code de conduite que le gouvernement avait déposé soixante jours avant.
Pour prendre connaissance des différentes entrevues données aux médias par des membres de la coalition, cliquez sur les liens ci-dessous.
L’une des principales raisons pour lesquelles nous sommes passés au travers de la récession, c’est parce que notre système bancaire reposait sur des bases plus solides et plus transparentes que celui des Américains. Il reste toutefois un talon d’Achille à notre système, c’est le non-encadrement des émetteurs de cartes de crédit.

Le code de conduite est un pas dans la bonne direction. Pressons le gouvernement d’aller plus loin.


À la guerre comme à la guerre

En ce début d’année où notre association s’apprête à vivre des moments heureux dans le cadre de ses soixante-dix ans d’existence, on peut s’interroger sur le vrai sens d’un tel anniversaire.

Bien sûr, et c’est de bonne guerre, l’AQMAT est plus que jamais tournée vers l’avenir. Des pas de géant ont été accomplis depuis deux ans pour en faire une organisation plus moderne, à l’affût des tendances technologiques de communication avec les membres comme avec celle des marchés, branchée à parts égales sur les réalités locales, nationales et mondiales.

Cela ne doit pas empêcher l’AQMAT d’être aussi à l’écoute de son passé, de son histoire, si peu banale. C’est ce patrimoine qui guide encore nos actions. L’adage qui veut que « si tu veux la paix, prépare la guerre » est d’autant plus pertinent pour nous que l’organisme se bat en permanence pour favoriser une amélioration des conditions dans lesquelles l’industrie de la rénovation, des matériaux et de la quincaillerie exerce ses activités et s’accomplit.

Née en 1940, en pleine Seconde Guerre mondiale, elle a dû faire ses premiers pas sur la trame d’une crise économique. Les marchands de bois de Montréal qui se sont alors regroupés en association sentaient le besoin d’avoir une force de frappe pour réussir à réaliser de meilleures affaires malgré le contexte difficile. Il ne s’agissait pas de partir en guerre contre qui que ce soit, mais plutôt de se donner de nouvelles armes pour mieux affronter l’adversité.

Aujourd’hui, sept décennies plus tard, la réalité socio-économique du Québec et les défis de la mondialisation ne sont pas étrangers à cette volonté des administrateurs et de la direction de l’AQMAT de s’engager corps et âme dans une guerre de tranchées qui, disons-le, oblige sans cesse à renouveler les outils, les moyens et les efforts pour garantir une industrie forte et ordonnée.

Prises à bras-le-corps, plusieurs barrières tombent, de plus en plus de portes s’ouvrent en faveur d’une meilleure reconnaissance de l’AQMAT auprès des classes politiques et économiques. La célébration du soixante-dixième, lors d’un grand gala embrassant l’histoire et le futur, le 13 mars prochain à Bécancour, sera donc une occasion privilégiée de faire valoir la persévérance de ceux et celles qui ont tenu le fort depuis les débuts… et la vision de leur relève!

Sortira-t-on de l’événement avec les honneurs de la guerre? L’histoire le dira.