Le blog de Richard


Le (mauvais) temps perdu ne se rattrape plus

Quand je suis arrivé dans cette industrie, je ne me doutais pas à quel point la mauvaise météo pouvait affecter les affaires des quincailleries et centres de rénovation. Autant que le manque de neige pour les stations de ski.

La météo est morose, le moral des rénovateurs et des jardiniers s’en trouve affecté, donc les affaires de nos membres écopent.

Les mauvaises langues parlent d’une baisse de l’activité d’au moins 10 % par rapport au printemps 2012. D’autres facteurs que la pluie sont en cause.

La confiance minée par les arrestations de l’UPAC et les travaux médiatisés de la Commission d’enquête sur l’industrie de la construction n’aident pas à faire sonner les caisses dans nos magasins dont en moyenne 50 % du chiffre d’affaires provient des entrepreneurs.

La menace grandissante qui règne sur les chantiers à la veille d’être paralysés soit par une grève décidée par l’Alliance syndicale ou par les associations patronales du secteur a aussi pour effet de freiner l’érection de maisons neuves.

On pourrait vivre avec une situation de ralentissement dans le neuf si le marché de la revente était fort, car celui-ci entraîne des travaux et des achats pour la rénovation tant avant la vente – grâce au fameux home staging – que pour les améliorations que l’acquéreur d’une propriété de seconde main veut exécuter ou faire exécuter dans les premiers mois suivant son achat.

Or, il n’en est rien. Dans la plupart des régions administratives du Québec, les temps de transaction immobilière se sont allongés au point où plusieurs vendeurs stoppent leurs démarches, gardent leur maison, avec l’espoir de revenir dans un marché plus favorable.

L’effet de Charbonneau et l’éventuel gel des chantiers viennent porter ombrage aux belles journées ensoleillées qui se pointent.

Toutes les affaires perdues par nos commerces ne se rattrapent plus. Non plus les commandes plus petites ou reportées que les détaillants et leurs bannières placent auprès des fournisseurs.

Faut-il se résigner? Je ne pense pas. Je préfère miser raisonnablement sur l’instauration d’une paix durable sur les chantiers et des mœurs assainies dans l’octroi et la gestion des contrats dans l’industrie pour croire en des jours meilleurs.


État d’apesanteur

L’astronaute canadien Chris Hadfield nous en a appris sur la légèreté relative des choses tant on l’a vu flotter (au propre comme au figuré) et philosopher sur la réelle importance des événements qui nous arrivent. Un grand pas pour l’humilité que de l’avoir entendu, avec ou sans guitare.
En comparaison, pompeuse et fausse était la grande messe internationale CM2 que Montréal a accueilli récemment sur le commerce et la créativité. Les organisateurs exprimaient leur ode à la liberté et leur  allergie à l’interventionnisme gouvernemental tout en acceptant de l’autre main plus de 3 millions de dollars en fonds publics pour tenir leur événement sur l’entrepreneuriat. Cherchez l’erreur !
Il en va ainsi des partis qui se suivent à la tête du gouvernement et se ressemblent hélas. L’un après l’autre, ils dénoncent l’immobilisme de leurs prédécesseurs et les nominations partisanes pour ensuite verser dans les mêmes accrocs à la bonne gouvernance et à la gestion efficiente.
Le projet de Banque de développement économique du Québec en est le dernier exemple. J’exagère à peine en disant que le projet ferme un conseil d’administration pour en créer deux nouveaux et prétend devenir un guichet unique alors que l’entrepreneur devra encore s’adresser à mille et une portes pour obtenir des services ou de l’information.
Le Québec se classe très moyennement dans le monde en termes de nombre de documents et d’étapes à franchir pour quiconque veut soumissionner pour un contrat public, démarrer une entreprise, etc.
On ne pense pas en dehors de la boîte. On rebrasse les mêmes 52 cartes. Et on s’étonne du statisme.
Personnellement, je suis contre ces afflux de subventions au privé. Le Québec est la province qui verse le plus de subventions aux entreprises sans que ces dons affectent positivement notre économie.
Je suis en faveur d’une fiscalité plus compétitive pour toutes les entreprises plutôt que d’aider à coups de millions quelques unes.
L’AQMAT prêche par l’exemple à ce chapitre. Environ 1 % de notre budget de fonctionnement provient du Gouvernement du Québec alors que 99 % est fourni par les entreprises membres. Équilibre sain, d’autant que ces quelque 10 000 $ annuels servent à l’intérêt collectif de nos membres, non pas à nos opérations, puisqu’elles contribuent au financement du gala et de l’outil d’étalonnage comparatif.
À quand un État résolument orienté vers le dégraissage des structures et viscéralement contre le graissage ?


La culture du silence dans l’industrie de la construction

Cette semaine, je cède mon espace de blogue à un confrère de l’Association canadienne des rénovateurs.
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J’ai déjà parlé du fait que la plupart des entrepreneurs et des travailleurs ne portaient pas de casque de sécurité sur les chantiers de rénovation domiciliaire. On parle d’une « culture »! Ce qui signifie que si le patron ou le contremaitre ne porte pas de casque, c’est la norme de ne pas le faire. Si vous décidez de le porter, vous avez l’air d’un « looser », pire, d’une « tap…»!
Avec une telle culture, on peut ainsi faire bien des compromis sur la sécurité, comme de ne pas attacher les échelles au haut et au bas comme le veut le Code de sécurité. Ou encore se servir d’équipement endommagé et dangereux. Et que dire de ce trou dans le plancher qui devrait être recouvert ou entouré de garde-fous? Une chute de 15 pieds sur la dalle de ciment du sous-sol. Malgré cela, tous les travailleurs ainsi que le patron continuent à travailler autour du problème. Et sur le toit, personne n’utilise de harnais de sécurité ou s’ils le font, le harnais n’est même pas attaché!
Je ne parle pas d’une situation hypothétique : je l’ai vu maintes et maintes fois sur les chantiers. Je ne suis pas le seul à le constater : les nouveaux travailleurs le voient aussi, mais sont astreints au code du silence. Ils se sentent mal placés pour en parler, lorsque la culture veut que l’on contourne les règlements, que l’on coupe les coins ronds et que l’on ne fasse surtout pas de vague.
Cette situation est alarmante et dangereuse. Au fil des ans, j’ai connu plusieurs entrepreneurs qui ne sont jamais revenus à la maison après le travail à la suite d’un accident de travail mortel. Pour une question de mauvaise gestion et de pratiques sécuritaires inexistantes. Cela s’inscrit dans une volonté de terminer le travail le plus rapidement possible, en ignorant le bien-être de la ressource la plus précieuse, les travailleurs. J’ai déjà été sur des chantiers où des travailleurs ont trouvé la mort ou, pour les plus « chanceux », se sont retrouvés en fauteuil roulant. C’est effrayant : vous ne voudriez pas en être témoin, moins encore victime.
Ceux qui survivent à un accident de travail doivent souvent vivre avec des douleurs pour le restant de leurs jours. S’ils reçoivent tout d’abord des prestations de la CSST ou de régimes d’assurance privé, ces paiements peuvent cesser peu après l’accident. Un bon ami est tombé d’un toit et s’est retrouvé en fauteuil roulant pendant un an. Les prestations ont pris fin un an après qu’il ait quitté ce fauteuil. Neuf années plus tard, il ne peut toujours pas conduire une voiture et peine à trouver de l’emploi. Il n’a jamais retrouvé sa vie d’antan.
Il est grand temps de mettre fin à cette culture du silence.
Alec Caldwell
Président et fondateur de la Canadian Association of Renovators and Home Services (CARAHS)


S’insérer entre Chinois et Américains

Ici, où je suis, à Las Vegas, se termine aujourd’hui le National Hardware Show. Si on enlève les stands d’exposants de la Chine et ceux qui arborent des slogans du genre « Proudly made in USA », on passerait de 2500 kiosques à moins de 1000. Peut-être même que ça descendrait à 500 stands.

Nous, avec notre Pavillon des Innovations ainsi que la vingtaine d’autres exposants du Québec et du Canada devons rivaliser entre les bas prix des uns et le chauvinisme des autres.

Le contexte explique pourquoi on joue en mineur la carte Québec ou Canada, préférant attirer les visiteurs avec le slogan « From the North of America ».

Et ça marche!

Les gens sont intrigués, plutôt heureux d’apprendre qu’on vient du Québec/Canada.

On récidivera en France, au salon Batimat en novembre, sans doute avec le même slogan.


Aussi forts que le plus faible de nos maillons

Quelle curieuse Fête des travailleurs que ce récent premier mai. En réalité, comment employer le mot fête alors qu’on sortait des décombres d’une usine délocalisée au Bangladesh plus de 400 innocents travailleurs à la suite d’un manquement aux normes les plus élémentaires de sécurité.

Plusieurs des multinationales qui profitent des coûts bas de la main-d’œuvre (salaires de 50 $ à 100 $ par mois) ont rapidement entrepris de verser des compensations, comme Joe Fresh, l’étiquette de vêtements de Loblaw. Le géant de l’alimentaire canadien a rappelé que ses fournisseurs ont déjà l’obligation de manufacturer des produits avec un souci de responsabilité sociale, mais a admis que leurs ententes ne couvraient pas la question de la légalité et de la sécurité des bâtiments.
Le Conseil canadien du commerce de détail a promptement annoncé l’actualisation de son guide des bonnes pratiques et la publication de matériel éducatif à l’intention de ses entreprises membres. Une vaste coalition d’associations semblables à l’échelle nord-américaine s’est créée dans le but d’établir de nouvelles normes de travail et de sécurité pour les usines au Bangladesh avec la collaboration du gouvernement local.
Mieux vaut tard que jamais. Car en face, ça s’organise. La manifestation réprimée le jour même par les forces policières montréalaises a exacerbé les sentiments anti mondialisation sauvage des Québécois les plus radicaux.
Et nous, où se situer ? Il faut courageusement choisir le camp du soutien aux usines d’ici et du coup, de leurs travailleurs.
Nos usines québécoises et canadiennes de fabrication d’articles de quincaillerie et de matériaux ne sont pas protégées. Elles doivent conjuguer avec le néolibéralisme qui conduit à la quête du plus petit coût de revient.
Le transfert des emplois et de la production constitue la pointe d’un iceberg important.
Les importations québécoises en provenance d’Asie sont passées de 6 % du total des importations en 1992 à environ 30 % en 2010. Conséquence : la fabrication de biens compte pour 15 % de l’ensemble des emplois au Québec, deux fois moins qu’avant l’ouverture tous azimuts des marchés.
Selon l’Economic Policy Institute, l’accentuation du déficit commercial des États-Unis envers la Chine entre les années 1997 et 2006 aurait empêché la création de 2,2 millions d’emplois chez nos voisins du Sud. L’Institut démontre que Walmart seule est responsable d’un manque à gagner de plus de 200 000 emplois pour l’économie américaine en raison de ses achats massifs en Chine.
Il ne s’agit pas tant de freiner les délocalisations directes, mais de comprendre que c’est l’ensemble du processus de libéralisation de l’économie et de recours aux externalisations en production qui «coûte» le plus d’emplois à notre économie.
Les États-Unis, dépeints comme les plus grands partisans du libre-échange, commencent néanmoins à instaurer des lois visant à protéger les emplois américains contre les risques de délocalisation. L’offensive d’achat local annoncé pour nos supermarchés il y a quelques jours s’inspire du fameux Buy American Act.
À quand le jour où l’AQMAT réussira à assoir à la même table tous les dirigeants de bannières pour promouvoir ENSEMBLE nos usines?
« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé »
Lamartine


Oui à un guichet unique pour le développement économique

De prime abord, l’annonce d’une machine intégrant tout, Investissement Québec et CLD, a des odeurs de centralisation et de structurite. Peut-être vaut-il la peine de regarder de plus près le projet de Banque de développement économique du Québec, une promesse électorale du gouvernement, pour en voir les vertus.
La mission officielle est assez gonflée: soutenir le développement économique du Québec et de ses régions par la création, la croissance, la rétention et l’implantation d’entreprises sur tout le territoire québécois. 
Ca sonne faux. On n’attend plus de l’État qu’il crée des entreprises. Ni qu’il soit là pour qu’elle croissent. 
La naissance d’une entreprise et son développement sont strictement l’apanage d’un entrepreneur ou d’un groupe d’entrepreneurs. L’entité de papier prendra ses ailes ou non grâce à la synergie créée entre les propriétaires, leurs employés, leurs fournisseurs et l’adéquation du produit ou service offert aux clients ciblés. Bref, l’offre et la demande à leur plus simple expression s’exerce, nonobstant toute volonté politique ou son contraire. 
Je suis allé plus profondément dans la décortication du projet de loi créant ladite Banque pour lire que sa mise en place vise à faciliter la vie des entrepreneurs québécois et donnera, notamment, plus de pouvoir économique aux régions. 
Oh! Voilà deux cordes sensibles bien touchées.
Nos membres, comme tout dirigeant d’entreprise, en ont ras le pompon de parcourir tels des combattants les chemins menant à des formulaires étapistes qui trop souvent débouchent sur des soutiens financiers qui ne font pas le poids avec la lourdeur ou le nombre de démarches babyloniennes à franchir pour en bénéficier. Comme on dit, l’éléphant accouche souvent de petites souris. 
L’idée – qui tient presque du fantasme – d’accorder du pouvoir aux régions ne peut que plaire aussi. Hors de la métropole ou de la capitale, pas facile pour une PME et pour les édiles régionaux d’être pris au sérieux.
On va donc donner la chance au coureur. Bien que je sois effrayé à la seule lecture de l’organigramme de la bête dotée de trois filiales, de 18 directions régionales, d’un fonds à part, d’une vice-présidence économie sociale aussi à part, d’une autre entité affiliée pour veiller au démarrage d’entreprises, et d’un dernier appendice isolant les entreprises liées aux ressources naturelles.
Je suis déjà essoufflé. Avons-nous vraiment avancé vers la simplicité et l’efficience? Nos cousins français se méfient de ces méga structures qu’ils affublent du sobriquet d’usines à gaz.
Gardons l’espoir que le gouvernement saura implanter un véritable guichet unique, utile aux PME comme aux grandes entreprises.


Communication bidirectionnelle

C’est sous un soleil timide, accompagnée d’un café, que je prends la plume pour la deuxième fois sur le « blog de Richard ». Plusieurs d’entre vous me connaissent déjà, et pour les autres, il me tarde bien de vous rencontrer ! Je suis Karine, coordonnatrice aux communications à l’AQMAT.
Comme le soutient mon titre, mon rôle consiste à ce que l’AQMAT communique avec vous par le biais de nos différents médias et de nos activités. Nous déployons beaucoup d’efforts afin de rendre chaque publication unique et de faire de chaque événement une expérience mémorable pour les participants. Cependant, notre communication est principalement à sens unique, mis à part pour le sondage de satisfaction après chaque activité.
En 2013, nous souhaitons dynamiser notre approche. On veut vous entendre et interagir avec vous ! On en a déjà parlé, maintenant est venu le temps que les bottines suivent les babines !
Il existe déjà de nombreuses plateformes sur le web pour nous permettre cette conversation à double sens. Voici celles que nous avons ciblées pour augmenter notre interaction avec vous :
LinkedIn un incontournable dans le monde des affaires afin de se bâtir un réseau de contacts élargit. La plateforme nous servira à diffuser des informations qui touchent directement le domaine dans lequel nous oeuvrons,  nouvelles réglementations, aspects fiscaux, offres d’emploi dans le domaine, etc.
Twitter @aqmat_impact 
Simple d’utilisation, Twitter permet de communiquer rapidement, pas le choix avec un maximum de 140 caractères ! Moyen idéal pour diffuser des nouvelles, des nouveautés, et pourquoi pas des commentaires durant un événement ? Suivez-nous !  Et invitez-nous à vous suivre !
Facebook AQMAT 
De son côté, Facebook nous permettra une communication plus dynamique avant, pendant et après les événements. Nous en profiterons pour y faire la promotion de nos activités, saluer nos nouveaux membres, mais surtout discuter avec vous ! Pourquoi pas un petit jeu lors du prochain tournoi de golf au Parcours du Cerf ? Quel quatuor y publiera la photo la plus amusante pendant la partie ?
Au plaisir de vous lire !


Leur paradis, notre enfer

L’évasion fiscale, c’est pas joli comme image. Ça sent la fuite qu’utilise les bandits. D’où la naissance d’une expression plus raffinée pour aborder le même sujet: l’évitement fiscal.

Il s’agit d’une acrobatie légale datant de la création des personnes légales, ce qu’on appelle des corporations, consistant à créer une coquille incorporée dans un pays où l’imposition est basse et où on y dépose une partie de ses revenus d’entreprise afin de donner un portrait moins rentable de la créature juridique principale qui fait des vraies affaires ici au Québec.

Stratagème anecdotique? Pas du tout. Selon les économistes consultés par les médias ces jours-ci, en additionnant les sommes mises à l’abri dans un paradis fiscal aux impôts économisés par la société incorporée au Québec en raison de ses états financiers amendés, on obtiendrait l’équivalent du déficit du gouvernement du Québec. Le président de l’agence Revenu Québec évalue même ce manque à gagner à 3,5 milliards par année.

Heureusement, une frange d’entrepreneurs ose parler de capitalisme conscient, de citoyenneté corporative, de responsabilité sociale. Des paradigmes d’affaires où le but d’une compagnie dépasse son profit.

Il faut saluer que Revenu Québec lance le deuxième volet de sa campagne de sensibilisation sur l’importance de lutter contre l’évasion fiscale, qui comprend la diffusion, à la télévision et sur le Web, d’un message publicitaire sur les planifications fiscales abusives mises en œuvre par les entreprises.

La campagne montre que ces dollars qui nous échappent, c’est autant d’argent qui n’est pas investi dans le financement des services publics, ce qui oblige chaque citoyen à assumer une part plus élevée du fardeau fiscal.

S’assurer que chacun paie sa juste part du financement des services publics, voilà ce qu’on attend légitimement du gouvernement. Car quel enfer sont ces paradis!


Pas une maison, un escalier

Un multiplex tout à fait semblable, même année de construction avec des matériaux similaires, coûte à Montréal quatre fois plus cher à l’achat qu’à Shawinigan. Par exemple, 400 000 $ au lieu de 110 000 $. De l’autre côté de la médaille, le loyer de 450 $ exigé à Shawi sera quasiment doublé en métropole. Poussons plus loin l’écart: ce même logement sera loué 1200 $ à Sept-Îles.

Le temps moyen pour vendre un condo à Tremblant est évalué à un an alors qu’il est de 100 jours dans l’ensemble du Québec et d’à peine un mois dans certains quartiers du Plateau Mont-Royal très recherchés.

Cette année, au moins cinq milles maisons de moins changeront de main par rapport à la situation d’il y a trois ans.

Ajoutez à cela le réajustement inexorable, un jour ou l’autre, mais on ne sait pas quand, des taux d’intérêt historiquement bas, la croissance moins rapide de la démographie au cours des deux prochaines décennies malgré l’immigration, la taille des ménages qui rapetisse, un ménage sur trois est constitué d’une seule personne et la population qui ne cesse de vivre plus longtemps, délaissant du coup leur statut de propriétaire, et vous avez là une soupe complexe au bouillon trouble.

Dans un tel maelström, où l’achat et la vente d’une maison peut résulter en perte ou en profit même si on prend toutes les précautions d’usage en termes de recherche de conseils et de statistiques.

Pas étonnant qu’un plus grand nombre de personnes expriment aujourd’hui leur hésitation avant d’acheter leur première maison ou de changer pour une autre, neuve ou usagée.

Surtout quand on sait qu’une transaction en escalier ne peut être gagnante-gagnante.


Prolongations

On les aime bien les surtemps quand ils permettent au Canadien de gagner in extremis, comme dans le match d’hier contre les méchants (Bruins de Boston).

On aimera tout autant la prolongation demandée et obtenue de la CEOGCPIC, mieux connue sous son nom complet de Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, encore mieux connue comme la Commission Charbonneau.

C’est de la très belle télé-réalité. Mais c’est pas la raison pour laquelle la série doit rester à l’antenne plus longtemps. 

C’est parce qu’on est encore au début du commencement. 

L’effet domino de telles entrevues en direct s’amorce avec tous ces gens qui s’auto-condamnent et regrettent, sans avouer, acceptant de se sacrifier pour la pérennité de leur entreprise ou de leur employeur. Geste gratuit, s’il en est, autant que Bernard Trépanier est bel et bien bénévole.

Il faut que les travaux progressent pour permettre aux commissaires, à la machine publique et aux médias d’accoucher d’un modus operandi plus éthique quant à l’OGCP (octroi et gestion des contrats publics).

Rares sont nos marchands qui soumissionnent pour des contrats avec l’un ou l’autre des quatre paliers de gouvernement (municipal, MRC, province et fédéral), mais il y en a. Et on en voudrait plus, si les dés ne sont pas pipés. 

Plus nombreux sont nos membres manufacturiers qui tentent leurs chances lors d’appels d’offres publics et parapublics. Ils le font avec un doute, depuis toujours, un peu comme lorsqu’on hésite avant de poser sa candidature pour un emploi car on se demande si tout est arrangé. 

Imaginez si les enveloppes techniques et financières étaient vraiment évaluées au mérite et sur la base d’une pondération connue. Imaginez si les donneurs d’ouvrage connaissaient vraiment leur sujet pour bien rédiger les offres afin de contrer toute requête d’extra farfelue. Pour cela, faut cesser de sabrer dans les compétences de la fonction publique, nos chiens de garde.

Imaginez si les règles de légitimité et de bonne réputation qu’impose maintenant l’Autorité des marchés financiers s’étendaient à tout contrat avec un organisme public.

Imaginez si les fonctionnaires de tout niveau – et leurs élus – devaient signer un code de déontologie enrichi d’un cadre d’imputabilité les obligeant moralement à ne servir que l’intérêt général des citoyens plutôt que de se sentir à l’abri de toute représaille.

Franchement, il faut continuer longtemps de voir les demi-sourires de France Charbonneau à l’écran. Et que ses travaux débouchent sur un contrat social avec des dents bien aiguisées.

L’ex journaliste en moi sourit en se rappelant que toute la saga a commencé avec un article de Rue Frontenac, ce média temporairement diffusé par les journalistes du Journal de Montréal durant le lock out, où on révélait des liens entre le candidat à la mairie Benoit Labonté, Tony Accurso et le contrat des compteurs d’eau. 

Voyez comment on en apprend des choses depuis. Ou il serait plus juste de conclure ainsi: voyez comment se confirment nos doutes.