Le blog de Richard
Frais de cartes de crédit : les promesses d’Ottawa
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- de veiller à ce que les commerçants soient pleinement informés des coûts rattachés à l’acceptation de paiements par carte de crédit ou de débit;
- d’accorder aux commerçants une marge de manœuvre accrue en matière de tarification, afin d’encourager les consommateurs à choisir l’option de paiement la moins coûteuse;
- de permettre aux commerçants de choisir librement les options de paiement qu’ils accepteront.
Les petites entreprises laissées à elles-mêmes
Je fais partie de ces entrepreneurs qui ont un jour osé de tout risquer pour aller au bout de leurs rêves. En 2008, nous avons ouvert un nouveau concept de fruiterie à Mascouche. Un investissement de près de 3 millions de dollars qui a créé 40 emplois, dont 15 à temps plein.
Les premières années ont été très, très, très difficiles. Nous avons dû convaincre les clients un par un, en travaillant d’arrache-pied, en souffrant d’insomnie et en essayant d’être toujours meilleurs, jour après jour. Nous avons même frôlé la faillite, et n’importe qui normalement constitué aurait baissé les bras. Nous n’avons d’ailleurs pas réussi à convaincre nos créanciers de réinjecter l’argent qui nous aurait permis de franchir le fameux cap des cinq premières années critiques pour rentabiliser et implanter totalement un concept.
Si ce n’avait été du soutien familial dont nous avons eu la chance de bénéficier, notre fruiterie serait fermée et nos 40 employés seraient sans emploi, sans parler des pertes pour nos fournisseurs et pour l’économie de la ville de Mascouche.
Bien évidemment, nous ne sommes pas un joueur majeur dans l’économie du Québec, mais si nous faisons l’addition de tous les petits joueurs qui, contrairement à nous, n’ont pas eu droit à un deuxième souffle, nous serions surpris de constater l’ampleur du phénomène et des pertes reliées à ce manque de soutien et d’appui aux petites entreprises.
Cinq ans après l’ouverture de notre première succursale, nous nous apprêtons à ouvrir un deuxième point de vente. Nous allons créer encore une fois plus de 40 emplois et investir tout près d’un million de dollars! Et ce n’est qu’un début, car notre plan d’expansion prévoit l’ouverture de plusieurs autres points de vente au cours des prochaines années. Une chance que nous n’avons pas jeté la serviette!
Des entreprises avec du potentiel, il en existe des tonnes au Québec. Des entrepreneurs passionnés et talentueux, il en existe également des tonnes. Mais des ressources et du financement rapide, non compliqué et efficace, il n’en existe tout simplement pas.
Il est grand temps que les PME soient reconnues et appuyées à leur juste valeur, car ce sont les petits entrepreneurs qui sont véritablement le coeur de l’économie quotidienne du Québec.
Coup d’accélérateur
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Si 23 000 consommateurs utilisent le maximum permis, la part gouvernementale s’élèvera à environ 100M$. Une mesure somme toute peu chère pour le trésor public quand on considère ses effets multiples, dont l’accélération des achats et des travaux en cette année creuse pour la fabrication et les ventes au détail, l’amélioration du patrimoine bâti et plus important encore, l’aide à des rénovations durables et rentables car écoénergétiques.
Les rénos peuvent toucher tant la résidence principale que le chalet, ce qui est aussi un bon point.
Les consommateurs n’ont cependant qu’un an pour en profiter. Voilà où le bât blesse un peu.
Pour sa part, l’APCHQ loue le nouveau programme ÉcoRénov pour sa contribution à l’amélioration de la qualité et de la performance des habitations. Elle aussi déplore cependant le caractère temporaire de la mesure, ce qui ne règlera pas le problème fondamental d’accès à la propriété.
C’est pourquoi nos collègues ont mis en ondes télévisuelles un message dénonçant les coûts d’accession à la résidence.
Selon une étude réalisée par Pierre Bélanger, économiste et expert-conseil en habitation, près de 60 % de l’augmentation du prix des maisons neuves entre 2006 et 2012 (pour une résidence typique de 1200 pi ca était attribuable aux prix des terrains et aux frais de développement afférents.
Peut-être connaissez-vous l’entreprise de l’année?
Il restait une petite semaine pour poser sa candidature en vue du 2e Gala Reconnaissance AQMAT. Mon verbe est au passé car le nombre d’entreprises à court de temps est impressionnant. Si tant est que nous prolongeons la période jusqu’au vendredi 1er novembre.
Alors si vous croyez connaître un marchand ou un fabricant s’étant particulièrement illustré récemment, c’est encore le temps de lui conseiller chaudement de poser sa candidature.
Ce peut être pour honorer une famille en affaires, une progression fulgurante, une innovation remarquable, un engagement écologique ou un leadership technologique.
Sinon, fouillez votre carnet d’adresses pour identifier des employés de certains de vos clients ou de vos fournisseurs qui seraient dignes de mention au point d’être considérés comme employés de l’année dans notre industrie. Trois catégories sont proposées pour reconnaître la loyauté d’un employé de longue date, le talent d’une recrue ou une idée brillante.
Écoutons ce que Sophie Denis, propriétaire du Home Hardware à Saint-Raymond avait à dire à l’issue du 1er Gala:
« Gagner un prix de reconnaissance par ses pairs c’est un très bel honneur. Le rayonnement se vit au coeur de l’entreprise avec nos employés et nous comme patron c’est une belle marque de fierté et d’encouragement. Beaucoup de félicitations de nos clients et fournisseurs suite à toute la couverture médiatique tant au niveau provincial que dans nos hebdos régionaux. Une soirée au Château Frontenac remplie d’émotions et très glamour, c’est un souvenir mémorable. Même notre député provincial en a fait l’annonce à l’Assemblée Nationale J’encourage les marchands et fournisseurs à s’inscrire à ce concours, cela démontre bien tout le dynamisme qui entoure notre industrie. »
« Notre entreprise fut très honorés de recevoir le prix entreprises Vert pour nos efforts à protéger l’environnement et principalement pour nos colorants universels totalement libres de COV (composés organiques volatiles). Depuis Janvier 2011, plusieurs de nos lignes de produits n’émettent aucun produit toxique et sont littéralement sans odeur.
Le magnifique encadrement fut premièrement présenté à tous les employés de l’usine dès mon retour au bureau et accueilli comme le triomphe d’une importante mobilisation de tous. Les parutions dans le Quart de Rond furent abondamment utilisées par notre force de vente dans nos territoires et nous nous sommes aussi assuré une couverture de presse dans plusieurs autres médias.
Une marque de reconnaissance est toujours appréciée et encore plus lorsqu’elle provient du domaine dans lequel nous oeuvrons.
J’invite toutes les entreprises qui se démarquent à soumettre leurs candidatures et à vivre cette expérience. Qu’elles gagnent ou non, il s’agit d’une expérience enrichissante et d’une visibilité importante parmi nos pairs. »
Plus ça change, moins c’est pareil
Dieu que notre industrie a changé en cinq ans.
Oups, désolé, la charte m’oblige sans doute à biffer le mot Dieu. Alors je recommence.
Que notre industrie a changé en cinq ans.
Quand je suis arrivé en poste en 2008…
ACE: Cette bannière purement américaine n’avait aucune vie québécoise, même canadienne il y a cinq ans. On se souvient qu’existait alors Services au détail PRO. Le Roi est mort, vive le nouveau Roi. Le ménage à trois Ace/TimberMarts/Distribution Chalifour semble avoir fait oublier le bon vieux temps de l’époque de Sodisco (pour les plus vieux!). Ça a quand même brassé au fort à Calgary puisque Tim Urquhart a dû quitter la présidence en réaction aux travaux de réflexion stratégique amorcés par le conseil d’administration de TimberMarts.
BMR: Qui pouvait imaginer que des discussions auraient cours avec Unimat en vue d’une éventuelle fusion? C’est pourtant ce qui se passe. À défaut de renseignements officiels, on s’alimente avec les rumeurs, dont la plus répandue veut que le Bureau de la concurrence étudie actuellement les conséquences d’une nouvelle structure pilotée par la Coop fédérée qui coordonnerait les deux bannières (BMR et Unimat), lesquelles resteraient donc bien vivantes. Cohabitation entre une fibre entrepreneuriale pure laine et un empire coopératif: tout semble possible quand une fin justifie de nouveaux moyens.
Canac: Seul groupe non membre de l’AQMAT, il faut quand même souligner un fait ou deux: personne n’aurait pu prédire, sauf les membres de la famille Laberge, que ce groupe typiquement régional sortirait de Québec un jour. La bannière essaime dans toutes les régions, au point où personne ne se surprendrait de la voir s’attaquer à la forteresse montréalaise un jour.
Castle: Au Québec, il y a cinq ans, aucune trace visible de cette bannière bien implantée dans certaines provinces, hormis une collaboration avec le magasin de Jack Crombie à Hudson. Le groupe a pourtant fait des percées ici, timides jugeront ses compétiteurs, mais les moyens sont pris pour que la progression se sente; je pense ici à l’embauche de Robert Legault, au passage au bilinguisme de toutes leurs communications et à une entente originale avec le grand distributeur américain Orgill, lequel, toujours selon les rumeurs, devrait bientôt adhérer à l’AQMAT.
Home Depot: C’est un secret de Polichinelle que son véritable concurrent est Lowe’s et personne d’autre. En Afrique, d’ailleurs, on dit que les éléphants ne combattent que les autres éléphants. Or, au moins deux terrains au pourtour de Montréal ont été acquis par Lowe’s depuis des années sans qu’on ne voit encore la bannière bleue s’y ériger. Et passons sous silence l’offre de Lowe’s sur Rona, officiellement non sollicitée. Le projet a avorté, si bien que Home Depot demeure le seul géant américain en sol québécois, fait unique dans l’ensemble canadien.
Home Hardware: Parmi le lot, c’est sans doute la bannière qui était et demeure semblable en termes de positionnement dans le marché et de modèle d’affaires pour les marchands. La stabilité incarnée par une haute direction non contestée, des marchands conscients et heureux de ce que la bannière peut leur apporter avec un minimum de contraintes. C’est comme si le groupe était imperméable à l’eau qui cascade tout autour.
Patrick Morin: Boulimique, du moins dynamique est ce groupe né dans Lanaudière. La famille ne cache pas son jeu et lorgne trois autres magasins à brève échéance pour atteindre le plateau des 20 enseignes. Elle est bien finie l’épithète d’entreprise régionale quand on constate que ses magasins couvrent déjà trois régions administratives.
Rona: Avant, Robert Dutton régnait solidement et les marchands Rona étaient à ce point fidèles à la bannière que le simple fait de soulever la possibilité que l’un d’eux puisse considérer l’offre d’un autre groupe déclenchait un regard d’hostilité. Aujourd’hui, l’échiquier a bougé. La toute nouvelle équipe qui occupe la haute direction doit prendre en compte les marchands maintenant regroupés en association pour établir un rapport de force alors que les actionnaires, surtout ceux hors Québec, piaffent d’impatience. Qui peut prédire ce qui arrivera quand on sait qu’avec deux prises, on peut quand même frapper un circuit!
Unimat: Le premier des coups d’éclat des dernières années est venu du joueur le plus traditionnel: la Coop fédérée. Cantonné dans des sous-espaces derrière une priorité agricole, le volet quincaillerie et matériaux n’avait pas vraiment d’existence propre à lui il y a cinq ans. Et voilà qu’on crée Unimat, un branding agressif géré par une équipe aguerrie. Deuxième vague révolutionnaire, l’acceptation depuis 2-3 ans d’opérations de magasins sous un mode non coopératif, c’est-à-dire comme de vraies et entières pme. Et voilà qu’on négocie même avec BMR en vue d’une fusion.
Vraiment, plus ça change, moins c’est pareil!
Vrai aussi pour les personnes. Elles s’adonnent pour la plupart à un grand jeu de chaises musicales, où on change de camp plus que fréquemment, sans pour autant quitter l’univers de la quincaillerie et des matériaux.
Tous touchés
Trois de nos marchands et deux fournisseurs méganticois ont été directement touchés par la catastrophe ferroviaire.
La quincaillerie ACE Matériaux Matcot, dirigée par Raymond Côté.
Le BMR Les Entreprises Périnet dirigé par Diane Poulin.
Le Unimat de la Coop Lac-Mégantic Lambton dirigé par Alain Grenier.
L’usine de la Corporation internationale Masonite dirigée par Daniel Hamann.
L’usine de Tafisa dirigée par Louis Brassard.
Leurs affaires sont encore affectées, voire paralysées par l’incendie et l’interruption du chemin de fer.
Des pertes humaines ont été enregistrées soit parmi leurs employés, leurs fournisseurs ou leurs clients.
En vérité, les dégâts n’ont pas été circonscrits à la MRC du Granit, ni à l’Estrie. Ils nous touchent tous.
Est-ce parce que les trois bannières représentent des piliers de la grande famille que représente l’AQMAT? Oui, un peu pour ça.
Est-ce parce que les panneaux de particules et la mélamine thermofusionnée décorative de Tafisa ainsi que les portes d’entrée et intérieures de Masonite sont distribués par des membres-clés de notre Association, puis revendus dans les plus importantes de nos bannières canadiennes et américaines? Aussi pour cela.
Mais avant tout, les dommages collatéraux du drame qui se déroule à Lac-Mégantic nous concernent parce qu’ils expriment en quelque sorte le caractère parfois débridé du capitalisme qui nous fait généralement vivre, pas mourir.
À chaque fois que je suis à Dorval, le même sentiment d’inquiétude m’habite à voir ces aéronefs géants descendre sur un million de captifs. On sait tous que Mirabel a déraillé en raison du lobbying de l’aéroport Lester-B.-Pearson en faveur de Toronto. La logique n’a pas tenu sous le poids de l’affairisme. Le Québec allait se doter du plus moderne des aéroports au pays. On patche Dorval depuis. Plutôt bien, d’ailleurs, en termes de bâtiments. Mais le péril demeure à chaque décollage, à chaque atterrissage, pas plus ni moins que lors du passage ailleurs d’un train rempli de matières dangereuses.
Lac-Mégantic souffre du même manque de scrupules à l’endroit de la protection de la vie humaine et du développement durable. Un ministère des Transports à la mission détournée de sa nature sous la pression politique néolibérale a permis un comportement laxiste d’un opérateur de trains de marchandises, avec le résultat qu’on connait un peu chaque jour.
Tous ceux qui voyagent beaucoup peuvent témoigner qu’il n’existe aucun aéroport situé aussi nonchalamment au coeur d’une agglomération urbaine comme Montréal. On a permis cet excès comme on a laissé se transporter par train des tonnes de pétrole sans surveillance le long des artères principales d’un chapelet de municipalités.
On peut exiger qu’il y ait un conducteur dans le train (et un pilote dans l’avion!). Notre effort devrait aussi viser à s’assurer que Transports Canada demeure en phase avec son mandat, lequel se lit comme suit: servir l’intérêt public en favorisant un réseau de transport au Canada qui soit sûr et sécuritaire, efficace et respectueux de l’environnement.
Régulation à deux vitesses
Dans quels mondes vivons-nous? Oui, oui, j’ai utilisé le pluriel parce qu’il y en a deux.
Celui où une compagnie de train auto-régule ses normes de sécurité avec les dommages directs et collatéraux qu’on calcule en pertes humaines, financières, matérielles et environnementales.
Et celui où on nous traque, on nous harcèle presque, avec des demandes et des procédures d’une rare complexité pour qui n’y est pas familier.
Les exemples pleuvent dans ma tête.
– Les rapports d’équité salariale. Qui les a rempli sans se dire à quel point les informations demandées sont du brassage de papier? Ne vous méprenez pas: je suis 100 % en faveur de la loi. Mais c’est son côté rétroactif qui pose problème. Obliger les entrepreneurs à remonter jusqu’en 1996 pour déclarer combien gagnaient les hommes et les femmes à temps plein et à temps partiel, ouf! Sans parler des exigences d’accès de Clic Secur Plus et d’un protocole qui oblige à recommencer le processus à la moindre erreur.
– Les rapports à Éco Entreprises Québec. La loi sur la qualité de l’environnement oblige toute entreprise à déclarer les quantités de matières qui se retrouveront dans les centres de tri, en plus de payer 100 % des coûts municipaux de traitement. Ici aussi, les tarifs sont basés sur les activités des années passées. Il faut voir la longueur et la complexité des documents d’aide aux déclarations et de guides pour comprendre à quel point il y a eu une tonne de comités et de fonctionnaires pour en arriver à dessiner un cheval avec une bosse et cinq pattes!
– Les preuves de conformités exigées par la CSST. Toute entreprise est maintenant tenue de savoir si ses sous-traitants sont conformes ou non aux yeux de la Loi sur la santé et sécurité au travail. Soyons clairs: on est pour une sécurité optimale sur les chantiers, dans les usines et partout. Mais faire porter le poids d’une entreprise délinquante sur une autre, obliger cette dernière à remplir une demande d’attestation de conformité, c’est faire jouer le rôle de l’État par les entrepreneurs.
– L’application au pied de la lettre de la Loi sur les heures et les jours d’ouverture des commerces. On sait que la Loi citée prescrit les heures d’ouverture et de fermeture selon les jours de la semaine. Et on est d’accord avec la stricte application de ces normes, incluant la possibilité offerte spécifiquement aux quincailleries et aux centres de rénovation d’ouvrir aux « contracteurs » plus tôt, via une porte dédiée. Or, quand un consommateur se glisse entre deux entrepreneurs pour acheter une boîte de clous ou pour accompagner son professionnel, sa présence place le commerce dans l’illégalité. Sur papier, cela est vrai. En pratique, pourrait-on demander aux inspecteurs de respirer par le nez profondément avant d’appliquer la loi et d’envoyer des amendes salées?
– Les coresponsabilités exigées par les lois de protection du consommateur ou de la santé publique. Les marchands doivent maintenant trouver le moyen de savoir si les produits proposés par leurs manufacturiers ou distributeurs sont correctement étiquetés et si leurs modes d’emploi sont suffisamment clairs pour ne pas entrainer de problème de santé ou de sécurité. On doit donc devenir ergonomes, infirmières, quasiment pompier pour commercer aujourd’hui!
Je pourrais poursuivre longtemps la litanie des obligations de paperasse motivées au départ par des buts vertueux, mais qui ont dérivé et sont devenues harassantes.
Le monde est bipolaire: nos camions se tapent la pesée obligatoire alors que les trains américains passent sous tout radar.
Après le push, le pull
Les premières sessions de la Commission appelée Charbonneau, chargée d’enquêter sur l’octroi des contrats gouvernementaux dans l’industrie de la construction, seraient des versions édulcorées de ce que le feuilleton nous prépare pour l’automne.
C’est du moins ce que prétend Jacques Duchesneau, certes devenu politicien, donc partisan, mais qui demeure Monsieur Net aux yeux de plusieurs.
En pause estivale, la dite Commission lâche le niveau municipal pour le gros gibier: les contrats avec le gouvernement du Québec, en particulier le ministère des Transports, sans oublier d’énormes créatures comme Hydro-Québec.
« Au provincial, ce ne sont pas les entrepreneurs qui poussent vers le haut, mais c’est le haut qui demande de l’argent. » Voilà ce qu’a affirmé aujourd’hui Jacques Duchesneau au quotidien Le soleil.
Ce ne serait donc pas seulement le fait qu’un ou deux zéros s’ajoutent aux montants des contrats en jeu au palier provincial par rapport au municipal, les procédés seraient aussi bien différents.
À petite échelle, l’entrepreneur, on l’a vu ad nauseam à la Commission, se propose de financer des partis ou de remercier des fonctionnaires qui l’aideront à obtenir des contrats.M. Duchesneau qualifie la stratégie de « pull ».
À plus grande échelle, il semblerait que c’est le donneur d’ouvrage qui « push » en fixant les mises: les entrepreneurs ne proposent rien, ils disposent. Du Vaillancourt stéroïdé, quoi!
Je quitte pour un voyage de pêche dans les Hautes Gorges de la rivière Malbaie. Je ne penserai pas à la juge Charbonneau ni aux Dalton multipliés qui paradent devant elle. Mais je vais avoir hâte de constater si le député Duchesneau dit vrai en m’assoyant de nouveau devant mon petit écran après l’été.
Dix journées perdues plus tard
Chiffrer le manque à gagner de dix journées de grève dans l’industrie de la construction est la question que m’ont le plus souvent posé les journalistes.
La réponse facile aurait été de répondre par une autre question: « Demandez-moi plutôt si ce conflit a fait des gagnants et je vous répondrai sans hésitation: non! »
On ne vit pas dans un drôle de monde, mais dans deux mondes. Le syndical et le non-syndical, et un énorme fossé, plus grand que jamais, sépare les deux univers.
Le premier revendique des droits acquis, acquis parce qu’obtenus en vertu d’une ancienne convention, intouchables comme les vaches en Inde. Le rapport de force a pris le pas sur les relations de travail. Ah! le poids de la tradition. Celui de l’inertie aussi est parfois lourd.
Le second ne revendique pas, il travaille ou tente de travailler. Certes, il demande les meilleures conditions possibles et peut tenter sa chance pour un autre employeur afin d’améliorer son sort. C’est le jeu sain de l’offre et la demande. Généralement pas plus con, le patron prendra les dispositions pour conserver les éléments sur qui il veut compter et ne cherchera jamais à provoquer un roulement intempestif de son personnel. Si bien que tout finit par s’équilibrer dans une telle relation.
Les travailleurs, leurs entreprises, par à-coup nos magasins, personne n’aurait eu de manque à gagner si on était en relation plutôt qu’en confrontation.
Et la réponse à la question, quelle est-elle déjà?
Elle se détaille en gros comme suit.
Les centres de rénovation orientés clients professionnels ont définitivement été les grands perdants. Et leurs pertes vont continuer car les entrepreneurs généraux et spécialisés doivent éponger leur propre manque à gagner. Quelques jours s’écouleront lentement avant que la roue recommence à tourner au régime attendu.
Les fabricants et distributeurs de matériaux et d’outillage pro commençaient à s’inquiéter du conflit qui s’enlisait. Rares sont ceux qui ont procédé à des mises à pied, mais ça s’en venait. Une semaine de plus et les avis au personnel partaient. Ouf! il était moins une.
Je parle évidemment du marché résidentiel qui fait travailler, en gros, les membres de l’APCHQ, gros clients de nos magasins. Pour les autres qui fabriquent pour le secteur Industriel, Commercial et Institutionnel (ICI), le bras de fer se continue hélas. La tolérance financière et psychologique des patrons d’usines approche de son étirement maximal…
Les quincailleries servant plutôt les consommateurs s’en sortent bien. Le « do-it-yourself » est resté actif. Celui qui était moins manuel l’est peut-être devenu par la force des choses; nos magasins étaient là pour l’accompagner.
Les fournisseurs de lignes pour consommateurs n’ont sans doute pas écopé.
Bref, malgré l’humidité, on respire mieux à l’AQMAT et chez la plupart de nos membres. Mais pas tous. Alors, pensons à eux.