La retraite, plus encore que la santé, opère à deux vitesses, de surcroît assez distancées l’une de l’autre.
Il y a les fonctionnaires et employés de sociétés gouvernementales, en particulier ceux du palier municipal, et en particulier particulier (!), les policiers et les pompiers qui trônent au plus haut des privilégiés en matière de retraite.
Selon qu’il s’agisse d’un prof, d’une infirmière ou d’un policier, la rente perçue à la retraite équivaudra à 40 %, 60 % ou 70 % de leur salaire annuel. Ainsi, une fois à la retraite, ces serviteurs de l’État recevront en moyenne entre 35 000 $ et 45 000 $ par année jusqu’à la fin de leurs jours.
Puis en face, ou en dessous, devrais-je dire, il y a la majorité des travailleurs qui se retireront du marché avec, comme argent, outre leurs éventuelles épargnes, le chèque de la Régie des rentes du Québec et la pension de vieillesse du Canada.
La rente québécoise de retraite équivaut à 25 % de la moyenne mensuelle des revenus sur lesquels vous avez cotisé, si la retraite est prise à 65 ans. Dans quel cas, le montant maximal de la rente est actuellement de 1 038,33 $, soit 12 460 $ par année.
La pension canadienne maximale pour les travailleurs est de 558,71 $, soit 6 705 $ par année.
On parle donc ici d’un revenu annuel « garanti » de 19 165 $ pour ceux qui ont échiné toute leur vie ici.
Ai-je besoin d’en dire plus quant à l’iniquité de la situation? Apprendre à (sur)vivre avec moins de 20 000 $ est le lot de quatre millions de travailleurs pendant qu’un demi-million profite d’un montant au moins doublé.
La solution drastique consiste à réduire les régimes des privilégiés pour que, ironiquement, leurs nouvelles conditions se rapprochent de celles inacceptables vécues par la majorité. Formulé ainsi, ce remède nous semble ridicule.
Regardons alors du côté des tout nouveaux régimes volontaires d’épargne-retraite. Nous inciterons les employeurs à les mettre en place avant l’échéance légale et à y contribuer aux côtés de leurs employés, solidairement.
Ce ne sera pas la panacée non plus.
Il faut regarder du côté du régime des rentes du Québec pour trouver une réponse plus constructive au problème. La rente mensuelle doit être revue afin d’assurer un plancher plus confortable à tous les travailleurs qui, dans l’état actuel des choses, se trouvent injustement traités si on les compare tant aux fonctionnaires et même si on les compare aux plus pauvres de la société.
En effet, par le jeu des gratuités et l’accès à d’autres prestations auxquels ceux qui ont travaillé toute leur vie n’ont pas droit, les absents de la population dite active se trouvent à recevoir des allocations des gouvernementaux qui s’approchent du 19 165 $ espéré par les citoyens-travailleurs.
La situation en sandwich entre les gras durs et les maigres mous est déplorable, au point de décourager certains à travailler…