Canadian Tire commence à sortir sa production de la Chine

Le détaillant Canadian Tire vient d’envoyer un signal fort non seulement à ses clients, mais aussi à ses concurrents. Alors que l’attention médiatique et politique est concentrée sur les tarifs douaniers menacés par Donald Trump à l’encontre des produits canadiens, Canadian Tire prend en compte l’impact potentiel des tarifs supplémentaires qu’il a menacés d’imposer aussi sur les marchandises en provenance de Chine.

Greg Hicks, président-directeur général de Canadian Tire, a déclaré aux investisseurs qu’un « changement significatif » dans l’origine des approvisionnements en dehors de la Chine s’était produit cette année.

« En ce qui concerne tout type d’escalade commerciale entre les États-Unis et la Chine et son impact sur nous, rien que de ce point de vue, nous sommes dans une position moins risquée que nous ne l’aurions été à la même période l’année dernière ».

Rappelons que les tensions entre les États-Unis et la Chine s’intensifient depuis des années, et les tarifs introduits sous la première administration de Trump ont été maintenus sous son successeur Joe Biden.

« La tendance des entreprises à déplacer leur production hors de Chine n’est donc pas nouvelle, elle est cependant accélérée et amplifiée durant ce premier trimestre de 2025 », constate Richard Darveau, président de l’AQMAT.

« Il ne faut pas non plus oublier la question des coût, rappelle M. Darveau. Les attentes des travailleurs en Chine se sont accrues malgré l’autoritarisme du régime en place, si bien que le facteur économie de frais de main-d’œuvre est moins vrai aujourd’hui. »

Un exemple parmi d’autres : le fabricant de chaussures Steve Madden a déclaré qu’il prévoyait réduire la production de ses biens en Chine de 40 %, alors que son objectif initial était de 10 %.

Le gouvernement canadien a aligné ses restrictions commerciales envers la Chine avec celles des États-Unis, imposant ses propres tarifs sur les véhicules électriques chinois, l’acier et l’aluminium. L’escalade des tensions géopolitiques a poussé les entreprises canadiennes à examiner leurs relations commerciales avec la Chine.

« La communauté des affaires canadienne perçoit ces signaux et réalise les vulnérabilités potentielles à avoir une portion importante de la chaîne d’approvisionnement située en Chine », a déclaré l’avocat spécialisé en commerce John Boscariol, partenaire du cabinet McCarthy Tétrault et interviewé par la journaliste Paula Duhatschek sur les ondes de CBC.

Le travail forcé, un autre facteur

En mettant de côté la menace des tarifs, le déplacement des productions hors de Chine est également motivé par les préoccupations concernant le travail forcé. Les preuves s’accumulent sur les violations des droits humains envers les Ouïghours dans la région du Xinjiang, un centre de production de coton et d’autres biens.

Avec l’adoption du « Uyghur Forced Labour Protection Act » aux États-Unis, les entreprises risquent désormais de voir certains biens bloqués à la frontière et d’être obligées de prouver qu’ils ne sont pas fabriqués avec du travail forcé.

« Vous avez déjà le travail forcé, et ensuite le conflit entre les États-Unis et la Chine qui s’y ajoute », a déclaré Carlo Dade à la journaliste de CBS. Il est directeur du commerce à la Canada West Foundation basée à Calgary. « C’est pourquoi les entreprises prennent soudainement des mesures plus extrêmes ou extraordinaires. »

La marque de Vancouver, Lululemon, a également déclaré aux investisseurs qu’elle avait une « exposition très limitée » en Chine. « Nous sous-traitons environ trois pour cent de nos biens à la Chine, donc l’exposition y est relativement faible », a déclaré Meghan Frank, directrice financière de l’entreprise, lors de son dernier appel sur les résultats, sans pour autant annoncer un retrait complet de la Chine.

Par ailleurs, depuis bientôt trois ans, Canadian Tire a mis sur pause toutes ses activités en territoire russe.

L’entreprise exploitait là-bas 421 commerces de détail sous l’enseigne Helly Hansen où travaillaient 300 personnes. Elle a aussi suspendu le site web et la livraison outremer vers la Russie.

La décision devant être temporaire, on ignore si le personnel est encore payé après autant de mois d’inactivité.

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