Aux wakizashi, citoyens!

Dur, dur le Japon. Il semble plus facile d’y mourir que d’y vivre.

On peut choisir entre se suicider parce que la crise économique ne porte plus son nom tant elle sévit depuis longtemps sur l’archipel. Mourir écartelé entre le protocole et l’extrême modernité qui divisent les familles et les régions. Se noyer. Et s’ajoute: être irradié.

C’est que la troisième puissance mondiale se démarque par ses inégalités. Le produit intérieur brut est si mal réparti que le pays glisse au 41e rang mondial en termes de répartition du pouvoir d’achat. Le taux d’emploi presque saturé chez les hommes dépasse à peine 50 % chez les femmes. La solidarité d’après-guerre n’existe plus. Les ruraux et leurs traditions résistent à l’hyper urbanisation alors que l’État et la banque centrale, autrefois pourvoyeurs, ont des rôles plus effacés face au libéralisme croissant du modèle économique revendiqué par les principaux partis d’aujourd’hui. Les investissements étrangers oscillent faiblement autour de 2-3% des recettes totales. Les industries primaire et secondaire sur lesquelles se sont construit les empires nippons (automobile, chantiers maritimes, micro-électronique, optique, etc.) n’emploient plus que 30 % de la population active. Et ces vieux, tels des tortues, qui ne meurent plus…

Le tsunami, suivi de l’alerte nucléaire, agissent comme des accélérateurs. Le Japon sue à grosses gouttes malgré la neige qui y tombe. Sans jouer au prophète de bonheur, et encore moins prétendre que l’homme, bridé ou pas, n’agit que lorsque acculé au mur, il reste que toutes les classes sociales, villes et villages, technos et trados, devront avancer coudes-à-coudes, les uns comptant sur les autres, comme au lendemain de la Deuxième Grande Guerre, pour espérer un soleil relevant.

* Wakizashi: arme généralement utilisée pour le suicide rituel, le Seppuku, mieux connu sous le mot hara-kiri. Pour se repentir une fois pour toutes, l’homme se suicide en incisant une ou deux fois dans son ventre tandis qu’un ami lui tranche la tête pour le laver de toutes ses fautes, une fois le rituel fini.

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