Au tour des fournisseurs de se mettre à table

Quatre dirigeants de fabricants-clés et deux provenant de distributeurs majeurs avaient accepté, vendredi midi dernier, de rencontrer le duo de dirigeants de l’AQMAT, composé de Crystelle Cormier et Richard Darveau. La cheffe de la direction et le président de l’association souhaitaient alors obtenir les réactions des fournisseurs à certains résultats des sondages préliminaires sur le plan stratégique 2025-2027 en plus de prendre leur pouls du marché et d’explorer de nouvelles idées d’activités.

État du marché 

Tout comme les participants aux deux premières tables rondes, les manufacturiers ne peuvent plus se fier au passé pour planifier leur production et leurs embauches. Ils s’accordent également à dire que pour considérer que la baisse en cours des taux d’intérêt, jumelée à une inflation contrôlée, aura des effets positifs, mais pas dans l’immédiat.

« La population oublie vite, mais leur portefeuille est là pour leur rappeler les dommages cumulés par des mois successifs de prix élevé, notamment à l’épicerie et à la station-service ».

La preuve réside dans la popularité plus grande des produits d’entrée de gamme, ce qui se répercute sur les marges des marchands et de leurs groupements.

Somme toute, quand on compare les ventes et les commandes placées, la période n’est pas si mal; il faut simplement comparer l’année sur une longue période afin d’isoler la parenthèse exceptionnelle qu’a représenté la COVID-19 pour notre industrie.

Unanimement, les participants à la table ronde affirment que le résultat des élections américaines qui sera connu cette semaine viendra impacter notre marché en raison du protectionnisme exprimé par les deux partis en lice. Certaines entreprises majeures sont certainement à considérer de déménager leur usine aux Etats-Unis, du moins à convenir d’alliances et de sous-traitances avec des partenaires au sud de la frontière canadienne afin de ne pas trop écoper d’éventuels tarifs douaniers et autres mesures protectrices.

Enjeu spécifique de la main-d’œuvre 

Attirer les têtes blanches plus agressivement, d’un point de vue fiscal, devrait être au haut des priorités des gouvernements, donc des efforts de l’AQMAT en matière de représentation politique.

Selon les participants, les employés d’expérience souvent mieux adaptés aux exigences relationnelles qu’exige le service à la clientèle représentent des atouts nécessaires à toute PME, qu’elles soient à finalité de vente au détail, de distribution ou de fabrication.

« Nos entreprises en viennent à devoir compenser les pertes financières subies par les retraités qu’on tente de ramener sur le marché du travail avec toutes sortes de manœuvres à la limite de la légalité. »

Quant aux jeunes, des idées fort originales ont été proposées dont les deux suivantes qui mériteront une analyse par la permanence de l’AQMAT :

  • un DEP en matériaux de construction visant particulièrement les jeunes qui se voient moins prendre le chemin du CEGEP ou de l’université;
  • des stages en entreprise avec visites guidées ciblant les jeunes du secondaire durant la semaine thématique de la quincaillerie.

Sujet inévitable alors que l’immigration joue le rôle de bouc émissaire de tous les problèmes de la société, donc le manque de logement, le recrutement à l’international est perçu par les participants comme une partie de la solution à notre besoin de main-d’œuvre. Le processus coûte cher et est long, mais en bout de course, les travailleurs étrangers sont souvent plus motivés, plus fiables et plus travaillants que la main-d’œuvre domestique.

Bref, même si les fabricants reçoivent plus de cv aujourd’hui pour les postes à pourvoir, la qualité des candidatures n’est pas au rendez-vous. La pertinence de promouvoir la quincaillerie au sens large comme un univers attrayant où faire carrière mérite encore une place dans le prochain plan triennal de l’AQMAT où, selon les participants à cette table ronde devrait aussi d’ajouter l’éducation des marchands sur la question des salaires et avantages sociaux à accorder à leurs effectifs.

Parmi les postes plus difficiles à combler, on a évoqué les installateurs, mot générique embrassant à la fois les couvreurs, les électriciens, les plombiers, etc. Or, la question qui tue a été la suivante : s’il y a reprise économique sous la forme de mises en chantier records et de rénovations majeures, qui va accomplir ces travaux?

Échange autour des projets d’activités incidents sur les fournisseurs  

Événements de réseautage : lancée par l’un des participants à une autre table ronde, la journée de ski et de raquette n’a pas reçu le même enthousiasme de la part des fournisseurs qui jugent les activités sous l’auge du potentiel de réseautage qu’elles peuvent leur générer. Ils ne voient pas non plus d’un œil positif l’ajout d’une activité en décembre alors qu’on tente de boucler les budgets de fin d’année tout en planifiant ceux de l’année suivante et ce, en devant jongler avec les congés qu’apportent les Fêtes.

Répertoire des membres : s’agissant dans les six cas de fournisseurs déjà bien établis dans le marché de la quincaillerie, aucun des participants ne semble avoir besoin d’un répertoire listant les marchands et/ou les acheteurs des bannières. Ils ont toutefois convenu qu’une telle plateforme pourrait être profitables pour les nouveaux joueurs ou pour leurs nouveaux représentants.

La discussion a débouché sur une nouvelle idée, bien notée par les deux dirigeants de l’AQMAT : la création d’un atelier de type « Who’s Who », donnée par Richard Darveau, démystifiant tout l’organigramme de l’industrie à partir des données recueillies dans le « Portrait de famille » que dresse annuellement l’association, mais avec beaucoup plus de détails. Les participants verraient une activité de trois ou quatre heures.

Visites d’usines : les participants réagissent positivement à l’idée d’intégrer des marchands aux tournages que l’AQMAT effectue dans les usines dans la mesure où les présences sont filtrées afin d’éviter tout risque d’espionnage.

Périscope : suivant l’adage américain « Less is more », les fabricants et distributeurs mettent en garde l’AQMAT contre le risque de noyade et d’interprétations erronées de certaines données que pourrait occasionner un trop-plein d’informations offertes aux marchands. Ils invitent l’association à concentrer le tableau de bord sur les informations touchant directement les ventes et la gestion des commerces de détail que sont les quincailleries et les centres de rénovation.

Meet the buyers : le projet de favoriser des rencontres entre eux et les bannières n’a pas suscité grand intérêt, du moins pour les fournisseurs bien établis. En revanche, donner la chance aux marchands de rencontrer plusieurs fournisseurs en une journée ou deux et de découvrir toute l’étendue de leurs gammes de produits représente une avenue à approfondir.

Salon unifié : considérant que les bannières n’abandonneront certainement pas l’organisation de leurs salons, l’idée que l’AQMAT relance son propre salon, comme elle le faisait jusqu’au début des années ’90, rime plutôt comme d’autres journées et d’autres argents investis par les fournisseurs qui se sentent déjà chargés.

Les entretiens autour de « Meet the buyers » et d’un salon unifié ont conduit les participants à la table ronde et la direction de l’AQMAT à esquisser les paramètres d’un tout nouveau type d’événement qui, lui, les rallierait spontanément : interdiction de kiosques et de déco, donc peu de dépenses afin de mettre le point focal sur les produits et des « deals » exclusifs aux marchands qui se déplacent.

Un tel format non seulement favorisait les transactions sur place, mais servirait aussi à tester les réactions sur des nouveaux produits, voire des prototypes.

Si l’AQMAT va de l’avant, les participants s’attendent à ce que les coûts directs et indirects qui leur seraient proposés soient le plus raisonnables possible, quitte à compenser, comme l’a suggéré un des fabricants, par un pourcentage accordé sur les ventes à l’association.

Tarification du membership : la direction de l’AQMAT a fait la démonstration que le tarif fixe que paient les fournisseurs pour leur cotisation annuelle à l’association était inéquitable compte tenu des tailles très variables des fabricants. Il a aussi été exposé que d’un point de vue financier, la formule fixe ne pouvait plus tenir la route. Les participants ont dit qu’ils allaient recevoir avec ouverture le projet d’une nouvelle tarification basée sur deux paramètres de ventes, celles obtenues au Québec dans le secteur de la quincaillerie seulement. À cela, Mme Cormier et M. Darveau ont assuré que la grille proposée tiendra compte des contributions des fournisseurs sur plusieurs autres plans, notamment en publicité, commandites et achat de billets.

Code de comportement entre bannières et fournisseurs : le dernier sujet de la rencontre de vendredi midi n’avait rien d’un dessert. Sous le sceau de la confidentialité, les participants ont tour à tour dénoncé des comportements qu’ils ont jugé indignes de réels partenariats avec les bannières et n’ont donc pas caché leur satisfaction d’apprendre que le sujet sera priorisé dans le plan 2025-2027 de l’AQMAT.

Il reste une quatrième et dernière table ronde à tenir, ce vendredi, où membres honoraires, ex-présidents de conseil, ambassadeurs et commanditaires du plan stratégique tenteront de faire la synthèse des différences propositions émanant des consultations.

 

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