Agrégats de béton : vers des normes plus sécuritaires

La direction de l’AQMAT se réjouit des efforts combinés des deux paliers de gouvernement à l’effet de plafonner la teneur en sulfures dans le béton, source de danger… et des désormais célèbres poursuites sur la pyrrhotite qui ont fait mal à l’image et aux finances de toute l’industrie de la construction.

Québec et Ottawa ont annoncé hier qu’ils unissaient leurs forces pour lutter contre les problèmes liés à la présence de pyrrhotite dans le béton utilisé dans la construction résidentielle. Les deux paliers de gouvernement financeront, à raison de 4,9 millions de dollars sur quatre ans, une chaire de recherche qui se penchera spécifiquement sur ce problème. Il s’agirait d’une première mondiale dans ce domaine.

Vignette photo d’entête : Dans la région de Trois-Rivières, les coûts des travaux de décontamination et de réfection sont élevés, soit en moyenne 187 000 $ par résidence.

Le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et l’Université Laval seront cotitulaires de la chaire de recherche qui sera financée, outre le CNRC, par la Régie du bâtiment du Québec (RBQ).

Le projet aidera les professeurs du Département de géologie et de génie géologique de la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval et cotitulaires de la chaire de recherche, Josée Duchesne et Benoît Fournier, ainsi que les scientifiques du CNRC, à établir les limites acceptables pour la teneur en différents sulfures, incluant la pyrrhotite, dans les agrégats de béton canadiens. Il permettra de mettre au point des méthodes d’essai rapides, peu coûteuses et fiables pour détecter les teneurs en sulfure potentiellement dangereuses dans les agrégats de béton; et de déterminer des mesures préventives pour l’utilisation sécuritaire des agrégats de béton sulfurés.

L’objectif de la chaire sera de fournir des solutions techniques à l’Association canadienne de normalisation pour lui permettre de mettre à jour « les normes sur les agrégats de béton » et les « intégrer aux codes nationaux ».

« Cet investissement s’inscrit dans la poursuite des efforts gouvernementaux pour venir en aide aux victimes de la pyrrhotite. Après le financement d’une première phase de recherche et la mise en place des différents programmes d’indemnisation, nous procédons à cette deuxième phase, qui contribuera à faire évoluer les connaissances techniques dans le domaine. Ainsi, nous pourrons éventuellement adopter de nouvelles normes afin de mieux protéger nos concitoyens et concitoyennes, et ainsi éviter que des drames tels que celui vécu par les familles de Trois-Rivières ne se reproduisent », a déclaré Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec.

Des victimes satisfaites

Le président de la Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite, Alain Gélinas, s’est dit satisfait de la mise sur pied de cette chaire de recherche. « Ça fait longtemps que la coalition demande à avoir cette recherche qui se fait pour établir une nouvelle norme, un taux acceptable de pyrrhotite dans le béton, ce que nous n’avons pas à l’heure actuelle », a déclaré M. Gélinas en entrevue aux médias.

Le président de la coalition s’attend à ce que les chercheurs parviennent rapidement à certains résultats. « C’est une étude qui est commencée depuis 2014, qui a été un peu laissée de côté faute de financement, et qui est reprise maintenant », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Avec tous les chercheurs qui vont s’activer là-dessus, ça donne une lueur d’espoir. »

Rappel de quelques détails sur la pyrrhotite et ses effets

  • La pyrrhotite est un sulfure de fer que l’on retrouve parfois dans les agrégats de béton. Des réactions indésirables entre celle-ci et le ciment qui se trouve dans le béton ont endommagé des milliers de bâtiments de la région de Trois-Rivières
  • La crise de la pyrrhotite à Trois-Rivières touche quelque 8000 maisons construites de 1995 à 2008. Environ la moitié des maisons ont été testées pour connaître l’étendue des dommages causés par le minerai dans le béton.
  • Il en coûte en moyenne 187 000 $ pour effectuer les travaux de réfection sur les résidences, mais l’aide offerte par le gouvernement est plafonnée à 75 000 $.
  • Bien qu’il existe des tests visant à détecter les sulfures réactifs dans les agrégats de béton, ceux-ci n’ont pas encore été entièrement perfectionnés ni validés.
  • Les résultats de cette chaire de recherche seront une première au niveau mondial. Les problèmes liés aux dommages causés au béton par le sulfure touchent d’autres pays tels que les États-Unis, la Norvège, l’Irlande et l’Afrique du Sud.

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