Affichage majoritairement en français : le diable se montre dans les détails

Si l’intention d’imposer une présence majoritaire de la langue française sur les enseignes et les façades des commerces de détail du Québec est pavée de bonnes intentions de la part du gouvernement Legault, l’AQMAT et les autres associations commerciales doivent maintenant s’assurer que l’opération ne tourne ni à la chasse aux sorcières, ni à une application locale qui dépend des opinions de chaque inspecteur nouvellement embauché par l’Office québécois de la langue française (OQLF).

« Les langues se délient avec la couverture média dont fait l’objet le dévoilement du nouveau règlement par le ministre de l’Éducation », affirme Richard Darveau, président de l’AQMAT, qui reçoit de la part des marchands membres des « critiques constructives » sur le projet de M. Roberge.

Selon ce qu’on comprend, visuellement, le français doit occuper les deux-tiers (66,6 %) de l’espace de toute enseigne ou affiche, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur du magasin. Toutes les entreprises – pas seulement les commerces – doivent s’exécuter d’ici un an.

Mais déjà, chaque inspecteur interprète à sa façon la nouvelle consigne. Par exemple, un quincaillier a reçu un rapport après une visite de l’OLFQ à l’effet que, selon lui, c’est le nombre de mots qui doit prédominer en français sur une autre langue.

On n’est pas sorti de l’auberge… espagnole!

État réel de la situation

D’entrée de jeu, tout commerce pense d’abord à sa clientèle et est naturellement disposé à lui plaire par pur sens des affaires. Cette posture fait que dans un milieu à 90 % francophone et plus, aucun marchand serait assez bête pour s’afficher majoritairement en anglais ou embaucher des anglophones unilingues. Et ils ne le font pas.

Là n’est pas l’enjeu, selon ce que l’AQMAT entend sur le terrain.

Le problème potentiel serait d’imposer aux groupes nationaux et internationaux des normes d’affichage particulières coûteuses pour faire affaires dans le marché somme toute assez petit qu’est le Québec. Comme on dit : qui trop embrasse mal étreint. « Si l’application du nouveau règlement s’exécute « au pied de la lettre », certains marchands dans certains marchés vont regimber et un climat hostile se développera », croit M. Darveau.

La deuxième doléance réfère aux efforts déjà consentis il y a cinq ans par les marchands. Tout le monde a vu à intégrer des mots français sur leurs enseignes, incluant les bannières américaines ou canadiennes anglaises.

Les mots français qu’on voit par exemple sur les enseignes des Home Depot ou des Home Hardware au Québec intègrent du français conformément au règlement entré en vigueur en 2019, mais pourraient être remis en question par les inspecteurs de l’OQLF.

La position qu’entend défendre l’AQMAT aux côtés de ses magasins membres est la suivante : « En affaires, une marque connue doit être aisément et universellement repérable. Il serait discriminatoire et insensé que des marques d’origine locale comme BMR, Canac, Patrick Morin ou RONA puissent être laissées en gros alors qu’on doive rapetisser des mots anglais comme Castle, Home Depot, Home Hardware ou Timber Mart. »

Nos membres sont généralement d’avis que rapetisser des logos ou des marques du fait qu’elles arborent des mots anglais nuirait à leur compétitivité tout en imposant de nouveaux coûts.

Touche d’ironie, une marchande-propriétaire nous a également partagé l’étiquette des lunettes protection pour observer l’éclipse fournies par des commissions scolaires relevant du ministère de M. Roberge ne fournissait qu’un mode d’emploi en anglais!

On peut lire ici la lettre ouverte qu’ont publié cinq dirigeants d’association.

À vos armes, prêts, défendez!

Richard Darveau se sent fin prêt à mener la bataille au nom et auprès de ses membres. Encore une fois, en appuyant les buts visés de promotion du fait français et de notre culture dans une perspective de solutions pragmatiques.

Son dernier mot : « Méfiez-vous des interprétations personnelles des inspecteurs de l’OLFQ qui vous visent rendent visite. Ne les prenez pas pour vérités. L’AQMAT vous aidera à les confronter. »

Courriel de Richard Darveau : rdarveau@aqmat.org

Boutons des électro-ménagers

À noter que les représentations patronales auprès du gouvernement ont permis de reporter le bilinguisme sur les boutons des appareils électro-ménagers de type « Start », « On/Off », etc. Le ministre dit être retourné en réflexion.

One comment on “Affichage majoritairement en français : le diable se montre dans les détails

  1. Sophie Denis on

    Merci Richard de voir à nos intérêts et surtout de faire entendre raison à nos bons dirigeants. J’ai hâte de voir les nouvelles affiches extérieures de Walmart ,Canadian Tire , Yellow, Sunwing et ses avions, Tim Hortons, McDonald ,
    Pendant ce temps-là, Wayfair, Shein et Amazon continueront de faire des affaires …. McGill , Jeffrey Hale, Molson et puis après ce sera les nom de rues.

    Les décideurs ont l’air de penser que nous les commerçants qui ont pignon sur rue avons des fonds à notre disposition pour passer du temps et investir dans des nouvelles affiches au bon gré des décisions prises pour ou contre notre opinion. D’où vient ce courant de pensée qu’il faut tout changer ou repenser.

    Serait-il possible que la société est plus de respect pour ce que l’on fait comme travail au lieu de toujours nous modifier les règles du jeu sans notre consentement. Nous sommes tous des payeurs de taxes municipales qui contribuent au développement de nos villes et villages. Nous sommes tous des employeurs importants dans nos régions. Voyons là, arrêtez.
    Au lieu de s’occuper à offrir un médecin de famille à chaque individu , on va aller dans la cour des commerçants et la gestion de la langue française.

    Ca va super bien au Québec , oui ça va mieux qu’en Haïti et ailleurs dans le monde , j’en conviens. Il est important de se faire entendre dans ce dossier. Quand on pense que de modifier les instructions universelles sur une machine à laver peut faire la différence pour s’exprimer plus en français et faire respecter une langue, ça prend un bon lavage de cerveau pour penser que cela est une solution parmi tant d’autres. Je n’y crois pas.

    Encore une fois c’est mon humble opinion et j’appuie mon association à 100%

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *