Histoire de pêche. Voyant ma puise alors que je partais à la pêche, ma femme s’est dit que l’Abitibien que je suis, habitué au brochet et à l’esturgeon, allait perdre ses petites mouchetées au travers des mailles trop grandes.
Quoi qu’il en soit, aucun poisson ne s’est échappé du filet du fait que mes quelques prises faisant à peine plier ma canne, je les retournais à l’eau. Situation d’autant plus frustrante qu’un de mes membres était passé deux jours plus tôt par le bureau, tout fier d’avoir ramené 200 dorés de mon nord-ouest natal.
N’empêche, choisir le filet approprié a son importance.
Prenez l’avortement, les jeunes délinquants, le chômage, ou encore les pensions alimentaires, le respect des coutumes ethniques, le ticket modérateur, le principe du pollueur-payeur, autant de sujets où le filet social doit être de la grosseur désirée par la majorité. Sinon, on trouvera qu’il y a abus si les mailles sont trop larges ou on jugera l’État répressif s’il est tissé serré au point qu’il rejette tout cas.
La même épuisette ne peut faire à la fois pour l’arc-en-ciel et le maskinongé. De la même façon, notre filet social serait inadéquat aux yeux de nos voisins des États-Unis ou de nos cousins du reste du Canada.
Question crimes économiques, d’un océan et d’un fleuve à l’autre, la grosseur du filet semble cependant tendre à l’unanimité. À droite comme à gauche, tous partis politiques et groupes de pression confondus, on est d’accord sur le fait que certains s’en sortent trop facilement. La nécessité de sévir contre les fraudeurs cravatés et culottés pour rendre justice aux victimes et décourager les Lacroix, Madoff et Jones en herbe n’est plus à démontrer.
En parallèle, il faut éduquer le peuple. Les finissants du niveau secondaire sont certainement plus instruits qu’on ne l’était, sauf que le monde est devenu si complexe. Un malfrat n’a plus l’allure caricaturale du pirate ou du gangster d’autrefois, et les journées sont si remplies que s’entourer de conseillers est devenu courant.
Le projet de loi maintenant promis par le gouvernement Harper devra, pour combattre la criminalité économique, à la fois punir plus et instruire mieux.
Car tant qu’il y aura des poissons trop poissons, des pêches à l’odeur de péché se commettront…