Quand on décroche un emploi, c’est souvent un rêve. Aussi beau et grand que celui caressé par l’entrepreneur lorsque son projet d’affaires devient réalité. Jusqu’au jour où tombe, comme du plomb, l’implacable logique « sartrienne » voulant que « L’enfer, c’est les autres ».
Pour qui a une vue du monde du travail comme étant transactionnel plutôt que relationnel, l’entreprise devient un champ de batailles interrompues. Comme si chaque revendication d’employé enlevait quelque chose à la corporation et que chaque part de profit était gagnée sur le dos du personnel. Il faudrait une loi anti-briseurs de rêves…
En tout cas, si on disait : « trop fort ne casse pas », à regarder la couverture se déchirer sur la place publique entre l’employeur et les employés du Journal de Montréal, je me demande si ce n’est pas justement la trop grande puissance des deux parties qui pose le gros du problème.
Elle nous interpelle tous, la Commission parlementaire qui se penche sur la modernisation de la loi anti-briseurs de grèves. Si peu de quincailleries et d’usines de notre secteur sont syndiquées, tous nos membres peuvent techniquement un jour être convoités par les centrales syndicales. Et au-delà du mandat de la Commission, on est tous en quelque part affectés par la concentration des médias, toile de fond du problème abordé par les parlementaires.
Vieilli, pour ne pas dire passé date, quoique toujours en vigueur officiellement depuis 1977, le Code du travail ne prend pas en compte des réalités nouvelles, comme les télé-travailleurs et l’Internet. La notion de lieu de travail est encore basée sur le mortier et le béton. Quel décalage entre les termes légaux et le travail d’aujourd’hui!
À Québécor, le chat et les souris perdent leur temps à se courir après, comme l’ont fait aussi longtemps les boss et les employés de Pratt&Whitney, ce qui avait conduit à ladite loi anti-scab. Preuve que la législation est maintenant caduque car contournable.
Et si les empires tentaculaires que sont désormais tant les centrales syndicales que certaines entreprises étaient devenues des tueuses de l’entrepreneur pur et de l’employé authentique…?