Le diable est dans le détail

Au moins cinq quincailleries et centres de rénovation viennent d’être victimes d’une arnaque qui les a délestés chacun de plusieurs dizaines de milliers de dollars.
Le scénario de base est simple, pour ne pas dire simpliste, mais hélas efficace. Pour les fins de l’histoire, appelons notre victime Roger.
Partant du postulat qu’un grand nombre des propriétaires de quincailleries et de centres de rénovation sont aux prises avec un problème de relève face à leur propre vieillissement ou fatigue, deux individus se pointent au commerce avec le prétexte de vouloir l’acheter, et vite.
Les acheteurs potentiels se présentent comme étant à la tête d’une grande firme de construction, détail non anodin pour comprendre le dénouement de l’histoire.
Une relation se noue au fil des jours, les prétendants sont d’apparence sérieuse et leur motivation tourne en proposition ferme d’achat à un prix et à des conditions que Roger trouve alléchants.
Une entente en bonne et due forme est signée, même appuyée d’un acompte généreux.
La relation s’intensifie, le respect réciproque s’installe, une amitié naît. Si bien que lorsque nos deux comparses rappellent Roger et lui exposent leur gros chantier de condos qui s’amorce, le marchand est tout oreille.
Dès lors, tout déboule. Les types racontent qu’ils ont beaucoup de quincaillerie et de matériaux à acheter, qu’il serait bête d’acheter à leur magasin habituel alors qu’ils peuvent aider la business de Roger, donc aider ce qui deviendra leur propre commerce…
Une première commande est passée, les types en prennent possession. Tout le monde est heureux. Puis une deuxième commande. Une troisième. 
Voilà que Roger (ou sa femme !) se réveille et se dit qu’il y a quand même des limites, que la relation d’affaires est si jeune, qu’il n’a pas procédé avec les vérifications de crédit habituelles en raison du contexte de partenariat qui lie les parties.
Roger commence à mal dormir. Des doutes l’assaillent : se serait-il fait avoir ?(ici, on peut changer le verbe avoir pour d’autres plus expressifs commençant par exemple par b ou e !)
Le rêve de la retraite promise devient cauchemar quand les appels logés chez les nouveaux amis de Roger restent sans écho.
Moyennant une promesse d’achat bidon, lustrée par un bon lunch, une poignée de dollars et une amitié réconfortante, Roger vient de se faire flouer de plusieurs milliers de dollars car jamais il ne verra l’argent des matériaux qu’il a préparé pour le duo d’escrocs.
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Le Service des enquêtes sur les crimes économiques de la Sûreté du Québec se penche sur plusieurs cas semblables actuellement. Vous vous reconnaissez? Adressez-vous au bureau le plus près de la SQ.
La fraude sous diverses formes fait perdre à nos magasins plus de 166 millions par année au Québec.
On connaissait les fraudes de cartes de crédit clonées ou volées, les délais occasionnés par les vieilles machines « schlick-schlick » de cartes de crédit, lesquelles s’avèrent sans fonds. On connaît de plus en plus les petites combines entre employés et clients, surtout les dimanches, quand le ratio employés-clients est déséquilibré.
Une simple revue de l’Internet nous en fait voir de toutes les couleurs. En voici un exemple:
Mais tout ça est de la bien petite bière à comparer avec la présente situation.

Ne baissez pas la garde. Conservez vos réflexes de protection, nonobstant la dorure devant vos yeux. Car tout ce qui brille n’est pas de l’or.

Il y a dans ce bas monde du monde bas. Sans scrupules. Géniaux. Prêts à vous détrousser.
À la prochaine séance du conseil d’administration qui se tient le 14 décembre, je dépose un projet de trousse de prévention des fraudes qui contiendra des produits et des services aptes à rendre nos marchands membres plus vigilants, plus outillés aussi, pour faire face aux vilains, qui donnent un sens nouveau à l’expression « Le diable est dans le détail! »

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