Entreprise publique, RONA ne peut rien cacher. De surcroît fleuron du Québec Inc, elle est doublement sous les feux de la rampe. Aussi est-il toujours instructif de constater l’état des finances de la bannière et ses stratégies de relance ou de redressement. Compte tenu de la diversité de ses magasins en termes de tailles et de localisation, ce que RONA est tenu de dévoiler et ce que les journalistes et économistes en disent nous permet de prendre la température de l’ensemble des commerces de notre secteur d’activité.
Avant-hier, donc, à l’assemblée générale annuelle des actionnaires, où l’AQMAT était présente, tout comme les médias et plusieurs dizaines de propriétaires-marchands, personne n’a été surpris d’apprendre que la cuvée 2013 ne restera pas mémorable, pour aucune autre bannière non plus, d’ailleurs.
La météo et la réduction des mises en chantier de maisons neuves ont été soulignées parmi les facteurs aggravants. Dans le cas spécifique de RONA, il convient d’ajouter l’urgence qui préoccupait la nouvelle direction de rétablir des ponts solides tant avec son réseau de marchands qu’avec les plus influents de ses actionnaires, soit la Caisse de dépôt et de placement du Québec et le fonds Investco Canada.
Il aurait été plausible d’esquisser l’hypothèse que nous sommes possiblement tous victimes du ressac provoqué par le crédit d’impôt de 2009-2010, lequel avait provoqué artificiellement les travaux et les achats, nous laissant pantois aux lendemains de la fête…
Le plus ironique est que le relèvement de RONA – et de nous tous – doit encore miser sur un programme gouvernemental, cette fois le nouveau crédit appelé LogiRénov. C’est d’ailleurs le discours que je maintiens dans le magazine Quart de Rond de mai, fraîchement sorti des presses aujourd’hui: on a hélas besoin de stimulation fiscale pour inciter les consommateurs à entreprendre des travaux d’une certaine envergure.Nos forces intrinsèques ne suffisent pas.
Constat un peu triste, n’est-ce pas, que d’espérer le secours de l’État pour assurer notre développement. Des mauvaises langues pourraient comparer notre situation à celle du pilote Schumaker sous respirateur artificiel.
Nous en sommes là. Un peu dépendants. Victimes plus qu’acteurs. À espérer tantôt une bonne météo, tantôt un mauvais pas d’un concurrent, tantôt une main tendue de l’État.
Nous avons désappris à présenter nos avantages concurrentiels face aux généralistes et aux ventes directes sur Internet.
Pourtant, le marché n’est pas mauvais.
La population vieillissante peut nous fournir des mannes en termes de clients qui ont de plus en plus de besoins de rénovation et qui peuvent nourrir nos besoins en employés connaissants et bien éduqués.
Les hypothèques à 2 % d’intérêt vont définitivement dynamiser les achats de maison et libérer de l’argent pour permettre achats et travaux de rénovation.
Il faut cependant que nos magasins soient outillés pour faire face à la demande.Les consommateurs veulent une chose, bien avant la sélection de produits et des prix compétitifs, des évidences: ils veulent du service. C’est quoi du service? C’est du personnel qui sait de quoi il parle et qui a une attitude courtoise et serviable. Voilà les avantages concurrentiels d’une quincaillerie ou d’un centre de rénovation par rapport à Walmart ou à Amazon.
Nos magasins tablent-ils sur ce genre de compétences?
L’AQMAT les aide-t-elle à être à la hauteur?
La réponse aux deux questions est: pas assez.
À la prochaine séance du conseil administration de l’AQMAT, le 3 juin, le sujet le plus structurant qui sera abordé se résume comme suit: comment l’AQMAT peut-elle aider les quincailleries et les centres de rénovation du Québec à offrir plus de compétences pour ramener la confiance des consommateurs et des entrepreneurs à leur égard et conséquemment, ramener leurs états financiers dans l’encre bleue?