Distorsion de la réalité économique. Réduction de la marge de manœuvre financière. Cote de crédit engendrant l’augmentation des coûts d’emprunt. Fragilisation du filet social.
Ce sont là quelques-uns des dommages d’une gestion d’État avançant sans direction précise, au gré des pressions à gauche ou à droite. Bien gérer un État ou une entreprise, c’est avoir une main ferme sur le gouvernail et l’autre sur le coeur. Ce que le présent gouvernement manifeste comme intention.
En effet, le ministre des Finances entreprend une révision en profondeur des programmes du gouvernement du Québec. Premier jalon annoncé: limiter leur croissance budgétaire à 1,9 %, balise correspondant exactement au taux moyen de l’inflation depuis bon nombre d’années. Sage et logique paramètre.
On sait que les firmes de cotation Moody’s, Fitch et Standard & Poors estiment le risque de solvabilité financière du Québec à un niveau stable, variant de cotes A +, AA – à Aa2 , selon l’agence. Ces notations, inférieures à l’appréciation de la gouvernance des provinces de l’Alberta ou de la Colombie-Britannique jugées AAA, entraînent une augmentation des taux auxquels notre gouvernement emprunte pour financer la dette.
Résumons lapidairement la situation ainsi: les provinces les mieux gouvernées paient moins cher pour emprunter et ainsi demeurer en haut de la pyramide. Il faut prendre les moyens d’accéder de nouveau au pinacle, où se situe la majorité des états formant l’Amérique du Nord, ce qui induit de revenir à des surplus budgétaires, terra incognita depuis cinq ans.
La dette publique cumulée grève plus du dixième des dépenses publiques au Québec, représentant une sortie d’argent égale au budget du ministère de l’Éducation. En conséquence, impossible de maintenir une compétitivité fiscale à l’égard des entreprises comme des citoyens.
Il faut réapprendre à gérer en contexte économique vraiment modeste; on parle ici de 2 à 3 % de croissance du PIB pour les années à venir, loin, bien loin des taux de l’ordre de 9 % qu’on savourait il y a trente ans.
L’État doit également prendre en compte plus que jamais la nouvelle démographie, caractérisée aux extrêmes par plus de personnes âgées et plus de petits enfants. Au milieu de ces deux pôles, pendant les vingt années à venir, moins de contribuables actifs sur le marché du travail.
Quand on sait que les deux premières missions d’un gouvernement, quel qu’il soit, consistent à offrir des services sociaux et de santé à la population, puis à assurer son éducation, on comprend mieux la pression actuelle de la démographique sur les finances publiques.
Une fois qu’on a tout exposé et pesé, facteurs endogènes autant que conjoncturels, il pourrait être excusable d’avoir maintenu des augmentations de coûts des programmes à des taux supérieurs à 4 %, voire 5 %, considérant les besoins des familles et des retraités. Je ne suis pas de cet avis.
Un bon père de famille voyant se tarir ses sources de revenus alors que sa vieille mère et ses jeunes enfants aspirent à plus d’assistance aurait du faire preuve de courage. En l’occurrence, cela aurait pu vouloir dire de réduire l’aide aux entreprises.
Oh! sujet presque tabou que j’ose aborder.
Je suis de l’école capitaliste voulant que l’économie doive principalement relever de l’entrepreneuriat. Toute subvention à des entreprises, surtout récurrente, nuit à ses concurrents. À la clé, le marché est modifié artificiellement au lieu de reposer sur une saine compétitivité.
On devrait selon moi attendre du gouvernement qu’il établisse des règles de jeu claires quant à la chose économique et qu’il sanctionne les entreprises qui ne les respectent pas. Mais pas qu’il quitte son rôle d’arbitre pour sponsorise un des joueurs, à moins que ce soit une compagnie qui lui appartienne, ce que l’on n’encourage plus.
On veut qu’il aime tous ses enfants également et leur donne la chance de s’épanouir. Voilà comment un État bon père de famille devrait se comporter à l’égard des entreprises et des citoyens évoluant sur son territoire…