Pesticides : l’AQMAT intervient auprès du ministre de l’Environnement sur les modifications proposées

Dans une lettre adressée aujourd’hui à David Heurtel, ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, le président et chef de la direction de l’AQMAT, Richard Darveau, commente le Projet de règlement modifiant le Code de gestion des pesticides et le Projet de règlement modifiant le Règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l’utilisation des pesticides, surtout relativement aux changements visant le marché domestique.

« À notre avis, les quelques changements touchant directement nos membres sont positifs et auront peu d’impacts sur leurs activités quotidiennes. » En gros, plus de produits seront disponibles dans la classe 5 puisqu’il est envisagé de permettre la vente libre des biopesticides et de certains pyréthrinoïdes. Aussi, les informations concernant les emballages multiples seront clarifiées. Pour le reste, peu de changements directs. « Les marchands ne verront donc pas de modifications au système de permis et certificats auquel ils doivent se soumettre présentement », estime Élise Garant, agronome et formatrice au Collège AQMAT pour les Certifications en vente de pesticides .

Élise Garant est formatrice dans le secteur de l’horticulture depuis plus de dix ans.

« Toutefois, poursuit Mme Garant, pour ceux qui vendent les produits de classe agricole, une justification d’un agronome pourrait être nécessaire lorsqu’un producteur agricole désire se procurer certains pesticides de la classe 3A que créera le Projet de règlement s’il est adopté tel quel. » L’AQMAT appuie sans réserve l’objectif de réduire l’utilisation des pesticides les plus à risque, notamment en milieu agricole où l’industrie souhaite obtenir des gains importants le plus rapidement possible. Il doit ici être question avant tout de protection de la santé, de survie des pollinisateurs et d’amélioration de l’environnement. Le projet de modifications réglementaires du gouvernement du Québec fait l’objet d’une consultation publique qui se poursuit jusqu’au 5 septembre 2017. Des précisions Les modifications proposées viendront interdire l’application de l’atrazine, du chlorpyrifos et de trois néonicotinoïdes (la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame), ainsi que la mise en terre des néonicotinoïdes qui enrobent les semences de certaines cultures en milieu agricole, sauf si leur usage est justifié au préalable par un agronome. L’obligation d’obtenir cette justification agronomique entrerait en vigueur progressivement, sur deux ans, en fonction du pesticide visé.

Il est possible de consulter le texte des projets de règlement sur le site Web du Ministère, à compter du 19 juillet 2017, au www.mddelcc.gouv.qc.ca. L’encadrement plus strict de l’utilisation des néonicotinoïdes évitera leur utilisation systématique et permettra de réduire les risques qu’ils présentent notamment pour les pollinisateurs. Parmi les autres modifications réglementaires proposées, mentionnons l’interdiction d’appliquer des néonicotinoïdes sur les surfaces gazonnées, l’autorisation de la vente libre des biopesticides d’usage domestique, l’ajout d’obligations en ce qui concerne l’utilisation et la vente des pesticides et le respect de distances d’éloignement pour l’application de pesticides.

Voici la volonté exprimée par le ministre David Heurtel : « Je suis persuadé qu’une utilisation contrôlée, rigoureuse et responsable des pesticides est la clé pour réduire leurs effets néfastes sur la santé de la population, sur les pollinisateurs et sur l’environnement. C’est encore plus vrai à l’heure où les changements climatiques risquent d’entraîner une augmentation des insectes nuisibles dans les cultures du Québec. Afin d’améliorer plus rapidement la santé de nos écosystèmes, nous devons donc aller encore plus loin en resserrant l’encadrement de l’utilisation des pesticides les plus à risque. Les éléments annoncés ne sont qu’une première étape dans la mise en œuvre de la Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018 qui prévoit également la modernisation de la Loi sur les pesticides et ultimement de tripler le nombre de pesticides dont l’usage sera interdit sur les végétaux (pelouses, arbres et arbustes) en milieu urbain. »

Faits saillants :

– Au Québec, le milieu agricole représente 87,5 % des ventes de pesticides en 2015. – Les modifications réglementaires s’inscrivent dans la mise en œuvre de la Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018 rendue publique en novembre 2015. La Stratégie vise à protéger :

– La santé de la population, en augmentant les restrictions quant à l’utilisation des pesticides sur les végétaux (pelouses, arbres et arbustes) en milieu urbain, notamment dans les parcs publics, et la santé des agriculteurs, en resserrant l’encadrement des pesticides les plus à risque utilisés à des fins agricoles;

– les pollinisateurs, en réduisant leur exposition aux néonicotinoïdes;

– l’environnement, en limitant les risques de contamination. La seconde phase de la mise en œuvre de la Stratégie se concentrera sur la modernisation de la Loi sur les pesticides afin d’en améliorer le respect. La réglementation sera revue également afin de viser notamment à interdire les insecticides de la famille des pyréthrinoïdes, en plus des néonicotinoïdes visés par la première phase, compte tenu du risque qu’ils peuvent représenter pour la santé.

 

Vignette photo d’entête :

Le déclin des insectes pollinisateurs menace la production agricole, donc notre alimentation

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