Je ne l’avale toujours pas, cette nouvelle. Je ne parle pas des événements survenus à Ottawa ni ceux de Saint-Jean-sur-Richelieu sur lesquels je ne dirai rien tellement tout a été écrit avec du sang ou des larmes.
Je parle du palmarès des coûts des services municipaux rendu public par les médias. Cette étude du Centre sur la productivité et la prospérité des HEC m’a littéralement renversé. Surtout au niveau des salaires et des conditions de travail.
Les cols bleus, vous savez, les employés municipaux qui ramassent les feuilles, bouchent les nids de poule, etc., gagnaient en moyenne en 2012 une rémunération de 75 699 $, avec un pic moyen s’élevant à 93 029 $ à Montréal. Un pic moyen peut signifier que certains gagnent 50 000 $ alors que d’autres gagnent 150 000 $. On parle toujours ici d’individus sans responsabilité de personnel ni de budget.
Les cadres et les contremaîtres, eux, sont rémunérés à hauteur moyenne de 130 726 $ pour l’ensemble des 766 municipalités étudiées. La métropole remporte la palme encore ici en leur versant une rémunération de 166 334 $ en moyenne. Reprenons la même formule: certains petits patrons de sous-départements reçoivent 80 000 $ pendant que des collègues sont payés un quart de million.
La Presse et Le Soleil titraient avec raison ce mardi: « Bar ouvert ».
Qui plus est, ce dont on parle ici, la rémunération globale – qui comprend le salaire et les charges sociales – a connu une hausse moyenne de 5,3 % par année dans l’ensemble des municipalités depuis 2008.
Et vous, avez-vous versé aux employés de votre quincaillerie ou de votre usine des augmentations moyennes de 5,3 % depuis 2008?
La tour d’ivoire de Montréal a accordé une augmentation de la rémunération globale de ses effectifs de 12,7 % chaque année depuis quatre ans. En d’autres mots, les salaires et la valeur des avantages sociaux ont augmenté de 50 % à Montréal en cinq ans.
On se dirige vers un mur, estime le chercheur. «Les citoyens ne peuvent pas payer des augmentations de 5, 6, 7 % par année à long terme. Ce n’est pas possible. Les augmentations de taxes nécessaires pour soutenir ces hausses de salaire sont importantes. Et les citoyens n’ont pas les augmentations de revenus correspondantes.»
Il y a définitivement deux Québec. Le monde public et le monde privé. Et entre les deux, un indécent fossé.