Le commerçant, l’authentique, se dirige dans le mur. Le mur de béton et de briques dans lequel il s’est enfermé, à quelques souks près.
Selon le cabinet Richter, qui organisait cette semaine un petit déjeuner fort instructif sur l’ère nouvelle du détail, le e-commerce avance comme le désert, à raison de 5 à 10 % chaque année, selon les secteurs. Qui plus est, aucun secteur ne semble épargné par ce raz, pas même les ventes d’automobile.
Il y a peu, on pensait qu’élargir ses horizons en s’affichant la vitrine sur le world wide web suffirait à donner un souffle de plus aux commerces.
Les médias traditionnels ont pensé et agi ainsi. Ils ont créé des extensions web au début. Pour se rendre compte, lentement et inéluctablement, que l’Internet représentait un média en soi. Avec ses propres besoins et éventuellement avec ses revenus autonomes. S’en est suivi l’univers des médias sociaux. Lui aussi perçu comme une extension du web dans un premier temps, puis revisité sous la forme de centres de coûts et de bénéfices plus indépendants.
Sur mille quincailleries et centres de rénovation au Québec, on compte sur les doigts des deux mains ceux qui gèrent un magasin en ligne en parallèle à leur espace qui a pignon sur rue. La majorité n’a toujours pas de site web même non transactionnel, se satisfaisant d’être par défaut dans le site de leur bannière.
Qui saura éveiller nos troupes sur le fait que l’activité virtuelle ne représente plus un luxe, un coup de pouce, un ptit extra qui ne va rien bousculer sous prétexte que rien ne change vraiment?
Qui leur démontrera qu’il ne s’agit plus de penser développement, mais survie, et ce grâce au potentiel du virtuel.
C’est sans doute à nous, leur Association, de prendre le bâton du pèlerin.
Convertir nos marchands à la nécessité de démarrer des opérations transactionnelles sur Internet ne sera pas une mince besogne; toutes nos ressources devront s’aligner sur le but visé.
Un premier moyen d’ampleur a été pris en créant la plateforme boutique.aqmat.org . Pour aussi peu que 14 petits dollars par mois, une quincaillerie peut se doter d’un catalogue de produits et services transactionnel, équipé des meilleures caractéristiques pour assurer le paiement et la livraison des marchandises.
Un second outil a été sélectionné, les Pages Jaunes, entreprise qui s’est transformée radicalement s’il en est une. Des forfaits efficaces et abordables ont été négociés au bénéfice de nos marchands.
Le travail consiste maintenant à accompagner les marchands, un par un. Leur faire réaliser que tout magasin est appelé à muer profondément. À devenir un espace de conseils, de démo, d’exposition. Partie prenante d’une action commerciale que je baptiserai de convergente, où l’internet trônera en vaisseau amiral, avec à son bord des technologies aptes à prendre compte de la mobilité de ses clients et de leur appétit boulimique pour la personnalisation.
On vit une époque formidable. Je me sens en pleine révolution. Tel un industriel en 1840 alors que le transport ferroviaire amende profondément la société et l’économie. Ou cinquante ans plus tard quand l’invention du moteur électrique est venue affubler l’artisan d’une chape de production manufacturière. Des périodes hautement menaçantes. Dérangeantes. Exaltantes aussi.
Nous sommes des témoins privilégiés, voire de modestes acteurs, de la mainmise de l’informatique sur la vie commerciale. Cela a commencé sur la pointe des claviers dans les années ’70 pour s’accélérer en nous bombardant de particules numériques à des rythmes effrénés. Qu’il faut suivre.
« Marche ou crève »: pep talk ou parole apocalyptique? En tout cas, titre d’un livre de Stephen King.
C’est quand même fou comme on s’adapte à tout. Vous souvenez-vous comme moi de la difficulté à taper les lettres www et que dire des lettres http suivies de deux // ? On n’aurait jamais deviné qu’on « naviguerait » sur des fenêtres de deux pouces par trois pouces.