La majorité des Québécois désirent acheter des produits locaux pour encourager nos entreprises et notre économie. Mais entre un t-shirt made in Québec à 90 $ et un autre fait en Inde et vendu 12 $, lequel choisiront-ils?
Poser la question, c’est y répondre… et pointer ce qui empêche l’industrie manufacturière québécoise de concurrencer pleinement les arrivages de produits importés.
Protégez-Vous publie dans son édition de juillet 2017, un grand dossier de Frédéric Perron et Rémi Leroux sur «l’achat chez nous». Leur constat: «La situation n’évolue pas à la même vitesse dans tous les secteurs. D’une part, il est plus facile de mettre des aliments québécois dans nos assiettes aujourd’hui qu’il y a dix ans, puisque divers programmes de certification sont de plus en plus visibles en magasin. D’autre part, il demeure difficile de trouver des vêtements d’ici, et les meubles québécois sont souvent mal identifiés dans les commerces», dit Frédéric Perron.
Par ailleurs, acheter «tout québécois» nécessite d’élargir la définition de ce concept: «De nombreuses entreprises conservent les étapes de conception dans la Belle Province, mais délèguent la production de leur marchandise à des sous-traitants asiatiques. C’est notamment le cas des vélos Argon 18 ou des vêtements signés Jean Airoldi. Ce compromis aide les entrepreneurs à demeurer compétitifs.»
« Ces compagnies créent tout de même beaucoup d’emplois chez nous, par exemple pour la conception et la distribution », souligne Marie-Claude Frigon, comptable associée et spécialiste en commerce de détail au cabinet Richter, et partenaire de l’AQMAT dans le dossier du Benchmarking des magasins. Comme quoi vous pouvez encourager l’économie québécoise sans pour autant acheter uniquement des produits qui le sont jusque dans leur ADN.
Pour aider les consommateurs qui veulent intégrer plus de produits québécois dans leur vie, le dossier brosse un portrait de quatre secteurs importants de l’économie:
Alimentation: cherchez les logos!
Les produits d’ici ont fait une importante percée dans les supermarchés au cours de la dernière décennie. Le tiers des consommateurs y consacre plus de 40 % de son budget alimentaire hebdomadaire. Cette évolution est due à l’arrivée massive des logos «Aliments du Québec» et «Aliments préparés au Québec» – plus de 22 000 produits certifiés dans tous les secteurs agroalimentaires! -, qui permettent un repérage facile en magasin.
Sport et plein air: conçus au Québec, mais…
Il est facile de se procurer un vélo, un canot ou un kayak fait ici, puisque les magasins de plein air sont de bonnes vitrines pour les marques québécoises. Dans le domaine du cyclisme, les marques Devinci et Argon 18 sont également reconnues mondialement. Il ne faut cependant pas tenir pour acquis qu’un équipement de sport ou de plein air présenté comme «québécois» a été fabriqué au Québec. Si vous tenez à vous procurer un produit 100 % québécois, prenez le temps de vous renseigner.
Habitation: des produits mal identifiés
Si vous rêvez de vous faire construire une maison avec des produits (presque) entièrement québécois, c’est possible. C’est le cas, par exemple, des maisons certifiées LEED – une norme de construction écologique -, dont les matériaux doivent être locaux. Dans ce domaine, on en compte d’ailleurs une panoplie (bois d’œuvre, panneaux de finition intérieure, armoires et comptoirs de cuisine, etc.). Plusieurs entreprises québécoises réussissent à se démarquer grâce à des produits haut de gamme. Les produits de construction et les meubles québécois sont encore toutefois difficiles à repérer en magasin, car il n’existe aucun programme de certification.
À ce sujet, l’AQMAT travaille d’ailleurs avec des partenaires à un projet sur la traçabilité des produits du bois (voir la nouvelle du 19 juin sur le site aqmat.org – L’AQMAT en mode partenaire pour « Une forêt de possibilités »)
Vêtements: le règne du laver-porter-jeter
De nombreuses entreprises québécoises produisent des vêtements à la fois beaux, durables et fonctionnels. Leur prix les désavantage toutefois en magasin, à l’époque de la fast fashion, où les consommateurs ont tendance à privilégier les vêtements tendance et abordables qu’ils peuvent remplacer souvent. Allant à contre-courant, des marques comme Kanuk, Betina Lou et Marmier offrent une garantie à vie sur leurs vêtements. Est-ce assez pour vous convaincre de payer 180 $ pour une robe de facture classique?
Vous trouverez tous les détails du dossier, y compris des portraits d’entrepreneurs québécois qui tirent leur épingle du jeu, dans l’édition de juillet de Protégez-Vous.