Telle l’épée de Damoclès, avec le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump et son idéologie protectionniste portée par le slogan « L’Amérique d’abord aux Américains », notre industrie sera frappée de deux manières : il sera plus difficile pour nos manufacturiers de vendre aux États-Unis et il sera plus difficile pour nos quincailliers de se procurer des produits Made in USA, mais également asiatiques.
C’est en tout cas ce qu’a défendu Richard Darveau dans La Presse avec la journaliste Nathaëlle Morissette et sur les ondes de TVA/LCN avec l’animatrice Julie Marcoux.
Le premier point souligné par le porte-parole de l’AQMAT réfère à l’intention martelée par le prochain président des États-Unis de nuire aux produits chinois via des barrières tarifaires élevés au point de les rendre beaucoup moins attrayants auprès des consommateurs américains. M. Darveau croit que le gouvernement du Canada aura fort à faire pour ne pas imiter son voisin et grand partenaire. Le cas échéant, les tablettes de nos quincailleries pourraient être moins garnies de articles faits en Chine, une éventualité troublante quand on sait la part que ce pays occupe dans notre secteur d’activité.
Privés à toute fins pratiques de produits chinois, les Américains devront se rabattre sur ceux qui sont manufacturés dans leur pays. Or, la capacité de production aux États-Unis n’est pas illimitée, d’autant que M. Trump promet la plus grande déportation d’immigrants sans papier, lesquels représentent une frange importante de la main-d’œuvre dans les usines et centres de distribution. Le lobby des entreprises manufacturières va cependant tiédir les ardeurs de l’élu en cette matière…
L’une des conséquences d’une forte promotion des achats nationaux aux États-Unis pourrait prendre la forme d’un accès plus difficile et à plus fort prix des produits américains vers notre marché. Ainsi, des outils électriques, des isolants, des produits du bois et autres biens qu’on retrouve dans tout centre de rénovation au Québec pourraient être offerts en quantité limitée et à prix plus élevé en raison de leur rareté.
Dans le sillon de l’adage voulant « qu’à tout malheur quelque chose est bon », M. Darveau croit que les planètes s’alignent pour créer une brèche sans précédent en approvisionnement plus local.
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Je pense qu’il serait préférable de patienter quelque temps avant de crier au loup aussi fort. Les propos de Donald Trump sont en effet inquiétants, mais nous savons bien, suite à l’expérience vécue lors de son premier mandat, qu’il parle beaucoup pour faire peur et change rapidement d’idée. Son idée de déporter en masse les immigrants sans papiers, par exemple, ne pourra pas se réaliser en claquant des doigts puisque selon les lois américaines, avant de déporter qui que ce soit, il doit y avoir une audience devant un juge qui déterminera si elle doit être déportée ou si elle peut demeurer en sol américain en attendant l’étude de son dossier. Et le système judiciaire américain ne possède pas la capacité et le personnel nécessaire pour traiter les dossiers de ces 11 ou 12 millions d’immigrants.
Pour ce qui est des produits, il est vrai que nous importons certains produits des États-Unis, mais il ne faut pas perdre de vue que plusieurs sont fabriqués ici, au Canada, même si dans certains cas certaines matières premières doivent être importées.
Les manufacturiers d’isolants, de produits de toiture et de gypse comme Rockwool, Owens Corning, Johns Manville, DuPont, BP, IKO, Duchesne, Vicwest, CertainTeed, CGC, pour ne nommer que ceux-là, ont tous des usines de fabrication au Canada (certains même au Québec).
Je ne suis pas un partisan de Donal Trump, bien au contraire, et il m’inquiète sérieusement, mais je crois qu’il faut faire attention de ne pas tomber non plus dans la création de panique collective, en tout cas, pas pour l’instant.