L’AQMAT d’accord pour le changement des fenêtres et l’isolation des entretoits des résidences d’avant 2010

La consommation d’électricité dans le secteur résidentiel demeure un enjeu central pour atteindre la carboneutralité. C’est dans ce contexte que l’AQMAT joint sa voix à l’organisme ÉcoHabitation et suggère au gouvernement de payer pour changer toutes les fenêtres et isoler les toits des résidences d’avant 2010 au lieu d’investir dans de nouveaux barrages.

Le Québec a encore beaucoup de travail à faire pour atteindre la carboneutralité. Chez nous, chaque habitant consomme en moyenne 200 gigajoules, alors que la consommation moyenne universelle devrait être de 50 gigajoules pour atteindre la carboneutralité.

La consommation d’électricité dans le secteur résidentiel demeure un enjeu central, si nous souhaitons atteindre la sobriété énergétique ; les quelque 8000 kilowattheures consommés par personne annuellement devront être réduits de façon significative.

Si l’État assume une partie des coûts et des démarches, ces travaux deviendront plus accessibles et attractifs pour les citoyens qui se découragent souvent devant les démarches administratives complexes requises pour participer aux programmes de rénovations. Ces investissements créeraient de l’emploi en plus de rapidement faire gagner un potentiel électrique à Hydro-Québec.

« Dans le résidentiel, la chaleur est une forme d’énergie assez brute, facile à gérer, souligne Emmanuel Cosgrove d’ÉcoHabitation, dans une entrevue au Journal de Montréal. Au lieu de payer des centrales nucléaires ou des nouveaux barrages dans le Nord, on peut aussi dire, eh bien tiens, on paie des nouvelles fenêtres pour tout le monde. On peut éviter la consommation de l’équivalent de l’île de Montréal en changeant les fenêtres des maisons datant d’avant 2010 partout au Québec. »

En adoptant de telles mesures, le Québec pourrait économiser 30 térawattheures (TWh), alors que la consommation énergétique résidentielle au Québec est d’environ 93 TWh, affirme M. Cosgrove s’appuyant sur une étude commanditée par l’Institut de l’énergie Trottier.

« C’est un type de gros investissement public qui, à la fin, ça coûte cher, c’est sûr […] mais c’est bien meilleur marché [qu’un barrage] », soutient M. Cosgrove.

Hydro-Québec apporte des nuances

Les investissements proposés par Écohabitation ne régleraient pas les problèmes liés aux pointes hivernales, nuance Hydro-Québec.

« Dans cette heure-là, ton thermostat, ton calorifère ou ton système central fonctionne dans le tapis pareil, indique Dave Rhéaume, vice-président exécutif à la planification énergétique et expérience client dans une entrevue au Journal de Montréal. Donc tu as quand même malheureusement besoin de faire des investissements en infrastructures pour assurer la fiabilité. »

Selon lui, « tu es mieux de faire de l’éolien que de remplacer d’emblée toutes les fenêtres du Québec ou toutes les vieilles fenêtres du Québec ».

Les conclusions du rapport de l’Institut de l’énergie Trottier

La discussion ci-haut quant aux meilleures stratégies à adopter pour que le pays puisse s’inscrire dans une démarche vers la carboneutralité laisse entrevoir au moins deux choses : l’absence d’une vision commune et un manque de cohérence.

C’est d’ailleurs dans ce sens que vont les conclusions de la toute dernière étude de l’Institut de l’énergie Trottier qui donne un aperçu des tendances en matière de consommation et de production d’énergie au Canada. Il indique également la manière dont ces tendances s’inscrivent dans une évaluation plus large de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre (GES) au pays.

  1. Une volonté ferme de décarboner

« D’un point de vue ascendant, il convient de noter que si la volonté des citoyens et des entreprises de décarboner leurs propres activités n’est pas encore visible dans les chiffres présentés dans ce rapport, cette volonté est déjà bien présente dans l’ensemble du Canada. »

  1. Malgré nos ambitions, le rythme est nettement insuffisant

« Le Canada ne s’est pas encore vraiment engagé sur la voie de la carboneutralité en dépit de la mise en œuvre de diverses mesures en ce sens. Les émissions de GES n’ont effectivement que très peu diminué, sauf de manière temporaire pendant la pandémie. »

  1. Absence de vision claire

« Au-delà de l’efficacité des mesures particulières qui sont prises, il nous semble que certaines lacunes cruciales perdurent dans l’élaboration d’une vision globale claire des transformations que visent ces mesures. Enfin, nous constatons une absence de stratégies sectorielles cohérentes, globales et agressives. De telles stratégies sectorielles nous permettraient de planifier la transformation et la réduction de la demande d’énergie. »

  1. Les efforts manquent de cohérence

« Une approche pleinement cohérente, qui garantirait des changements structurels permettant aux mesures les plus ambitieuses d’atteindre tout leur potentiel, fait toujours défaut. En particulier, la construction des infrastructures nécessaires à la réalisation des trajectoires menant à la carboneutralité n’est pas suffisamment planifiée et, en tout état de cause, pose des problèmes de main-d’œuvre, de recherche et d’innovation qui n’ont pas encore été résolus. »

  1. Conflits de juridiction entre les provinces et le gouvernement fédéral

« Les tensions entre les différents niveaux de gouvernement ont parfois réduit l’efficacité des mesures mises en œuvre au niveau fédéral ou provincial. Cette situation ne peut que continuer à s’aggraver, à moins que des changements majeurs n’interviennent dans la manière dont ces tensions seront gérées. »

« La consommation d’énergie dans le secteur résidentiel présente un profil différent de celui du secteur commercial et institutionnel, peut-on lire dans une étude commanditée par l’Institut de l’énergie Trottier. Dans le secteur résidentiel, le chauffage des locaux représente une part encore plus importante de la consommation totale d’énergie (61,1 %), le reste de l’énergie consommée servant au chauffage de l’eau (18,1 %), au fonctionnement des appareils électroménagers (14,6 %), à l’éclairage (3,7 %) et à la climatisation des locaux (2,5 %). La plupart de ces parts de consommation sont demeurées stables au cours des 20 dernières années, à l’exception de la climatisation des locaux dont l’importance relative a doublé. »

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *