L’âge d’accès aux rentes continue d’alimenter médias et machine à rumeurs

Bien que les consultations publiques soient terminées au sujet du Régime des rentes du Québec (RRQ), l’eau coule encore sous les ponts. Il s’avère que les dirigeants de PME dans leur ensemble, tout comme les quincailliers en particulier, se montrent ouverts à l’idée de reculer à 62 ans l’âge d’accès à une rente afin de profiter plus longtemps des travailleurs expérimentés.  

Selon un coup de sonde mené par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) auprès de ses membres, 55 % des PME appuient la possibilité de reporter l’âge minimal d’admissibilité au Régime des rentes du Québec (RRQ) de 60 à 62 ans. Un article paru à la fois dans le Journal de Montréal et celui de Québec cite François Vincent, vice-président de l’association patronale. «Il y a une ouverture pour la majorité des entreprises».  

Ce matin, les deux quotidiens de Québécor publiaient le titre « Écho favorable chez les quincailliers au report des rentes de retraite » où Maxime Bossinotte, propriétaire du centre de rénovation Matériaux Direct, affilié à TIMBER MART à La Pocatière, ne s’imagine pas devoir se passer de ces travailleurs de plus de soixante ans, souvent boudés des employeurs. Cliquez ici pour lire l’article. 

La direction de l’AQMAT a officiellement déposé sa recommandation à la Commission des finances publiques de l’Assemblée nationale du Québec dans le cadre des consultations publiques. On peut en prendre connaissance en cliquant ici. En gros, l’AQMAT demande au gouvernement de réfléchir à l’option d’exempter tant l’employé que l’employeur de cotiser au RRQ lorsqu’un employé qui a atteint l’âge d’y accéder choisit de demeurer sur le marché du travail. 

Richard Darveau, président, était l’invité de Mario Dumont ce midi sur les ondes de TVA/LCN. À la première question « Pourquoi repousser l’âge? », le porte-parole de l’AQMAT a répondu : Ah, c’est tellement une belle clientèle! Les travailleurs expérimentés comme on les appelle, ils sont meilleurs que quand ils étaient plus jeunes. Ils ont des réseaux de contact, ils ont de quoi apporter à leurs collègues plus jeunes. En fait, c’est un âge où l’on est généralement en forme. On va mettre de côté les travailleurs très physiques qui sont très fatigués. On va les traiter à part. » 

M. Dumont a réitéré sa question en d’autres mots : « Vous voulez les garder au travail? ». Réponse : L’idée, c’est de les garder au travail pour ce qu’ils apportent pour l’entreprise, ce qu’ils apportent aussi pour eux-mêmes. Il y a tellement d’études qui ont été déposées depuis 10 ans où on montre que lorsque tu restes au travail, ça a un meilleur impact que juste rester actif avec des passe-temps. Parce que tu as des obligations quand tu travailles. Ça aide nos urgences, ça aide au niveau de la santé mentale. Ça aide notre économie, car quand tu restes au travail, tu as plus de revenu qu’une rente partielle. Donc ça fait d’eux aussi de meilleurs consommateurs. Tout le monde y gagne. »

Mario Dumont : « Vous avez fait une parenthèse, tout à l’heure : peut-être qu’on pourrait faire une exception, un accommodement pour les gens qui ont des métiers durs physiquement. » Richard Darveau: « Vous avez 100 % raison et on appuie ces associations à caractère plus social. Maintenant, si on peut faire que l’employeur et l’employé qui voudraient travailler plus longtemps ensemble, poursuivre leur relation de travail… Si on leur donnait un incitatif, et il est très simple : quand ça fait 30-40 ans que vous êtes sur le marché du travail, comme moi, pourquoi est-ce je n’arrêterais pas de cotiser, puis que je continue quand même d’avoir accès à partir de 65 ans à ma rente, mais qu’à partir de maintenant, j’arrêterais de cotiser. Et puis mon employeur aussi pourrait obtenir une exemption de cotisation. Voilà un double incitatif qui ferait en sorte que l’employeur serait tenté d’engager des travailleurs expérimentés et que celui qui est dans la soixantaine aurait aussi le goût financièrement de rester plus longtemps au travail. » 

Mario Dumont : « Vous êtes conscient, M. Darveau, que c’est quand même un sujet politiquement délicat? » 

Richard Darveau : « Oui, absolument. Peut-être que le gouvernement décidera de ne pas bouger. Cela ne nous empêche pas d’avoir consulté nos membres. Et puis, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante l’a fait. Et c’est 55 % des chefs d’entreprise du Québec qui sont aussi d’accord pour rouvrir le dossier, d’avoir un débat sain sur la question, comme on est en train de le faire vous et moi présentement. » 

Pour sa part, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) semble avoir changé son fusil d’épaule; sa position aux côtés des syndicats en faveur du statu quo tranche avec ce que l’organisme a prôné par le passé. Ainsi, lors de la dernière consultation obligatoire sur le RRQ en 2017, son président-directeur général Yves-Thomas Dorval militait même pour que l’âge de la retraite soit reculé à 67 ans, cela en raison d’une meilleure espérance de vie et d’un meilleur état de santé de la population.  

Philippe Labrecque, l’un des chroniqueurs réguliers du journal Les Affaires, soutenait récemment qu’une retraite prématurée semble difficile à défendre collectivement d’un point de vue économique et fiscal. « Elle nous ferait entrer dans une ère où — si les prédictions d’une espérance de vie approchant des 100 ans se confirment — la durée de la retraite (35 ans, soit de 65 ans à 100 ans) serait similaire à celle d’une carrière de 40 ans. » Lire ici son blogue paru le 14 février et intitulé « Bientôt le liberté 80 ». 

Rappelons que les audiences publiques ont eu lieu les 8, 9 et 14 février dans le cadre de la Commission des finances publiques. La consultation en ligne s’est étendue jusqu’au 17 février. La balle est maintenant dans le camp du ministre des Finances : « Nous gardons espoir que Éric Girard ira de l’avant avec des mesures incitant les entreprises et les travailleurs dans la soixantaine à poursuivre leurs relations, cela afin que la société puisse bénéficier d’un plus grand nombre de travailleurs expérimentés », souhaite M. Darveau, porte-parole de l’AQMAT. 

 

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