Un débat électoral confirme l’urgence de faire face à la crise du logement

C’est hier qu’avait lieu le débat électoral sur les enjeux d’actualité en lien avec l’habitation, organisé par l’Association de la construction du Québec (ACQ), l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), l’Institut de développement urbain du Québec (IDU) et le Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec (RGCQ), auquel participaient les cinq formations politiques représentées à l’Assemblée nationale.

À cette occasion, Mathieu Dion, chef de bureau de Montréal chez Bloomberg, a mené les échanges qui se sont avérés féconds et instructifs pour les différents leaders du milieu de l’habitation. L’ensemble des organisateurs de l’événement ont d’ailleurs tenu à remercier les différents candidats pour leur contribution au présent exercice démocratique. Toutes les formations politiques présentes à ce débat ont reconnu l’urgence d’agir afin de résorber la crise du logement au Québec. Bien que leurs propositions pour y arriver soient différentes, toutes reconnaissent l’importance de retrouver un meilleur équilibre dans le marché de l’habitation et un plus grand accès à la propriété.

Pour ces partenaires du secteur de l’habitation, organisateurs de l’événement, le Québec vit actuellement une crise du logement dans plusieurs villes et régions du Québec. D’ailleurs, une étude de l’APCHQ évalue que le Québec fait face à un déficit de l’ordre de quelque 100 000 logements (privés, locatifs et sociaux).

Le besoin d’accroître rapidement l’offre pour améliorer l’abordabilité a été démontré aussi dans le cadre d’une récente étude de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) où on évalue le besoin à 620 000 unités d’ici 2030 afin de retrouver le chemin de l’abordabilité.

Invité à commenter l’événement, le président de l’AQMAT s’est désolé de constater que la question de redonner les lettres de noblesse à un ministère de l’Habitation comme il y en a déjà eu par le passé n’ait pas été évoquée : « Tant qu’un ou une ministre doté d’un bon portefeuille et d’un personnel adéquat n’aura pas comme lettre-mandat de couvrir le secteur de l’habitation à 360 degrés plutôt que de rester cantonné comme présentement dans le logement social, ça restera difficile pour notre secteur d’activité de se faire entendre au plus haut niveau », de rappeler Richard Darveau.

Des solutions mises de l’avant pour faire face à la crise du logement

Les candidats ont reconnu les défis en matière d’habitation, mais l’enjeu demandera d’aller plus loin que la vision exprimée jusqu’ici.

L’offre de logements doit augmenter de manière importante, tout comme le financement en habitation inclusive doit être à la hauteur des cibles nationales et locales qui devront être adoptées.

Par ailleurs, les cinq organisateurs du débat s’entendent : il faudra tenir compte de la crise climatique dans les moyens adoptés pour doubler la cadence de production des nouvelles unités de logement. Il faut créer plus d’unités dans des quartiers de proximité à mixité sociale et fonctionnelle réduisant ainsi l’utilisation de l’automobile. Nous espérons que le prochain gouvernement entendra cet appel.

Une stratégie pour le logement abordable

Soulignons également que le Québec est à la croisée des chemins en matière d’habitation : le parc de logements, jusqu’à récemment abordable, pourrait ne plus l’être si aucune stratégie n’est mise en place. Les besoins en logements à prix modique sont encore élevés et plusieurs projets sont aux prises avec des difficultés de financement.

À cet égard, les partenaires ont offert un plaidoyer en faveur d’un réinvestissement dans le logement social et abordable et invitent évidemment les gouvernements à agir rapidement s’ils souhaitent s’attaquer à la crise du logement. Il y a actuellement plus de 35 000 personnes en attente d’un logement social au Québec et les gouvernements ont une responsabilité envers les ménages les plus vulnérables.

Un enjeu complexe qui nécessite plusieurs interventions

Les partenaires du secteur de l’habitation reconnaissent la problématique du déficit de l’offre en habitation et considèrent qu’il est impératif qu’un bouquet de mesures en faveur d’une accélération des mises en chantier soit mis de l’avant dans les plus brefs délais.

Les défis sont nombreux, notamment en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre, mais aussi l’assouplissement des processus d’approbation des projets et la planification urbanistique adaptée à la situation, particulièrement dans un contexte de crise climatique. En ce sens, l’ensemble des partenaires souhaitent que le prochain gouvernement fasse de l’habitation sa priorité et organise rapidement des États généraux sur l’habitation avec tous les acteurs concernés afin de s’orienter vers une véritable stratégie concertée qui fixerait des objectifs ambitieux et des moyens concrets pour pallier le déficit de logements, toujours en étant soucieux de relever les défis climatiques auxquels nous faisons face.

Selon Guillaume Houle de l’Association de la construction du Québec, « l’ensemble des acteurs de l’habitation au Québec sont unanimes, il faut en faire plus au cours des prochaines années pour arriver à contrer la pénurie de logement. Tous les paliers de gouvernement doivent être impliqués, fédéral, provincial et municipal, tout comme l’ensemble des acteurs de la société civile, entrepreneurs, organismes communautaires et autres regroupements pour arriver rapidement à des solutions concertées ».

Carmel-Antoine Bessard, candidate dans Bourassa-Sauvé, Parti conservateur du Québec, Martin Bécotte, candidat dans Châteauguay, Québec Solidaire, André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des pêcheries et de l’Alimentation, candidat dans Johnson, Coalition avenir Québec, Marie-Claude Nichols, candidate dans Vaudreuil, Parti libéral du Québec et Maxime Larochelle, candidat dans Laurier-Dorion pour le Parti québécois. (crédit photo : ACQ)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *