Six mois plus tard, comment va le bâtiment résidentiel?

Deux fois par année, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) brosse le portrait des mises en chantier d’unités d’habitation, couvrant toutes les catégories: unifamiliales, locatif, multiplex, etc. L’AQMAT vous présente les principaux constats statistiques et ses analyses.

Entendons-nous d’abord sur le lexique.

  • Une «mise en chantier» correspond au moment où commence la construction de l’immeuble, généralement au stade où la semelle de béton est entièrement coulée.
  • Le dénombrement des mises en chantier est mensuel dans les centres de plus de 50 000 habitants et trimestriel dans ceux qui comptent entre 10 000 et 49 999 habitants. Pour les centres de moins de 10 000 habitants (zones rurales), la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) effectue plutôt des estimations trimestrielles basées sur un échantillonnage.
  • L’unifamiliale désigne des habitations dont le logement et le terrain sont détenus en propriété absolue. La copropriété est un mode de propriété et non un type d’habitation. Les logements locatifs sont des habitations construites à des fins locatives, sans égard au mode de financement.

Maintenant, cinq faits saillants, fortement teintés par la hausse marquée du prix des matériaux, les problèmes d’approvisionnement et la pénurie de main-d’œuvre, trois phénomènes qui ont fini par rattraper l’activité sur les chantiers résidentiels.

  1. Le nombre de mises en chantier dans la province de Québec pour les six premiers mois de 2022 s’établissait à 29 917 habitations, soit une baisse de 14 % par rapport au premier semestre de l’année dernière. Rappelons que 2021 s’est avérée être la meilleure année pour la construction résidentielle au Québec depuis 1987, et la troisième meilleure année de l’histoire (après 1987 et 1976).

  1. Le total des mises en chantier pour la province est composé d’un recensement de 26 612 nouvelles habitations dans les centres urbains de plus de 10 000 habitants et d’une estimation de 3 305 nouvelles habitations dans les zones rurales.

  1. Après avoir connu une forte croissance depuis le début de la pandémie, la construction dans les régions rurales accuse une diminution de 28 % au cours de la période de janvier à juin. Le repli dans les zones urbaines (-12 %) a quant à lui été moins prononcé, soit de 12 %.

  1. En ce qui a trait au type d’habitation, la construction de logements collectifs (appartements, maisons jumelées et maisons en rangée) a de nouveau outrageusement dominé, accaparant 81 % des nouveaux chantiers, comparativement à 19 % pour les maisons individuelles. La construction de logements collectifs s’est également montrée plus résiliente, le recul étant de l’ordre de 12 %, tandis que la maison individuelle a été plus durement affectée avec une baisse de 24 %. La maison individuelle étant le type d’habitation le plus cher, et requérant le plus de bois d’œuvre, elle a davantage été touchée par la hausse des coûts de construction.

  1. Dans les zones urbaines (centres de plus de 10 000 habitants), où les données sont disponibles selon le marché visé, on a dénombré 16 674 mises en chantier de logements locatifs. Il s’agit d’une diminution de 7 % seulement comparativement aux six premiers mois de 2021 qui, rappelons-le, a été une année record pour la construction locative au Québec. À l’inverse, la maison unifamiliale est le type d’habitation qui a connu le plus fort recul, de 23 %, avec 5 878 nouvelles fondations coulées. Finalement, du côté de la copropriété, les 4 060 logements commencés représentent un repli de 12 % comparativement au premier semestre de 2021.

Variations régionales

Si on scrute les statistiques de mises en chantier par régions administratives, on remarque de grands écarts, dont les suivants.

  • C’est dans la région administrative de Montréal que la baisse de la construction résidentielle a été la plus drastique (-39 %) en première moitié d’année.

  • Toutes les catégories d’habitation sont touchées, à commencer par l’unifamiliale (-57 %) où seulement 109 maisons ont levé de terre. Le nombre de logements locatifs (2 500 mises en chantier) et de logements en copropriété (2 609 mises en chantier) a reculé de 47 % et de 26 % respectivement. Montréal est néanmoins demeurée la région la plus active (5 218 mises en chantier) au premier semestre de 2022, surpassant la Montérégie (4 655 mises en chantier).

  • Seulement six des seize régions administratives de la province ont vu leurs mises en chantier augmenter au cours des six premiers mois de 2022, soit la Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine, la Mauricie, Laval, l’Outaouais, la Montérégie ainsi que Chaudière-Appalaches.

  • La région Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine est de loin celle ayant connu la plus forte croissance de la construction résidentielle au premier semestre de 2022. Les 108 mises en chantier dénombrées représentent une hausse impressionnante de 248 %. Les deux principales villes de la région ont enregistré des bonds substantiels, soit de 247 % pour Gaspé, grâce entre autres à l’ajout de 23 logements locatifs, et les Îles-de-la-Madeleine (+277 %), avec notamment 46 maisons unifamiliales entamées.

  • La Mauricie, avec une croissance de 35 %, arrive au deuxième rang. Des 714 mises en chantier recensées au premier semestre, 475 sont des logements locatifs. Il s’agit d’une croissance 136 % pour ce segment de marché. Sans surprise, c’est la ville de Trois-Rivières qui a été la locomotive à ce chapitre, grâce à l’érection de 376 logements locatifs. Toutefois, Shawinigan n’est pas en reste, avec 89 logements locatifs mis en chantier.

  • La ville de Laval connaît également un excellent début d’année, avec une croissance de 26 % des mises en chantier qui ont totalisé 1 473 habitations. Il est à noter qu’on a observé une hausse dans tous les segments de marché : 33 % pour l’unifamiliale (142 mises en chantier), 375 % pour la copropriété (114 mises en chantier) et 17 % pour le locatif (1 217 mises en chantier). Les nouvelles fondations ont majoritairement été coulées dans les quartiers Chomedey (588 habitations) et Vimont (334 habitations).

  • En Outaouais, la progression au premier semestre a été de 25 %, avec 2 113 mises en chantier. La construction résidentielle est fortement concentrée dans le segment locatif, qui représente quatre nouveaux logements entamés sur cinq. Grâce à 1 728 mises en chantier dans ce segment, la croissance est de 59 % par rapport au premier semestre de l’année dernière. À ce rythme, on se dirige allègrement vers un nouveau record au chapitre de la construction locative en Outaouais.

  • On a également observé un peu plus d’effervescence (+8 %) en Montérégie, où 4 655 habitations ont commencé à lever de terre. À l’instar de la plupart des régions, c’est la construction locative qui domine, avec 2 667 mises en chantier (+13 %). La maison unifamiliale, bien qu’elle soit en perte de vitesse (-16 %), arrive deuxième avec 1 209 mises en chantier. La copropriété ferme la marche, mais on observe tout de même un bond marqué de 50 % des mises en chantier (779), notamment en raison du dynamisme à ce chapitre des villes de Brossard (322) et de Longueuil (342). Toutes catégories de propriétés confondues, les villes de Saint-Jeansur-Richelieu (+119 %), de Saint-Hyacinthe (+82 %), de Salaberry-de-Valleyfield (+76 %) et de Saint-Constant (+39 %) sont celles qui se sont le plus démarquées pour la période de janvier à juin, avec respectivement 434, 253, 371 et 385 mises en chantier.

  • Chaudière-Appalaches est la seule autre région administrative où la construction résidentielle s’est accélérée (+7 %) en ce début d’année, ceci grâce à un bond de 35 % des mises en chantier de logements locatifs (1 166). À l’inverse, la construction de maisons unifamiliales y a régressé de 31 % (404 mises en chantier), tandis qu’aucun nouveau logement en copropriété n’a été entamé.

  • Les mises en chantier étaient presque au beau fixe comparativement aux six premiers mois de 2021, dans les régions du Centre-du-Québec (-2 %) et du Saguenay – Lac-Saint-Jean (-3 %), où respectivement 906 et 401 nouvelles habitations ont été commencées.

  • Dans la région de Lanaudière, les 2 539 mises en chantier représentent un repli de 4 % par rapport aux six premiers mois de 2021. Un fort recul (-40 %) de la construction de maisons unifamiliales n’a pas été entièrement compensé par une hausse (+16 %) de la construction de logements locatifs. Sur le plan géographique, certaines municipalités, telles que Terrebonne (+127 %), Rawdon (+138 %) et L’Assomption (+67 %), se sont tout de même démarquées par une croissance marquée des mises en chantier (toutes catégories de propriétés confondues).

  • En Estrie, la construction résidentielle a perdu du terrain (-19 %) au cours du premier semestre de l’année, alors que 1 630 mises en chantier ont été recensées. La baisse a touché l’unifamiliale (-26 %) et les logements locatifs (-23 %), tandis que la copropriété a pris du tonus, avec une hausse de 43 %. La ville de Sherbrooke a accusé un recul de 29 % du nombre d’habitations entamées, tandis qu’une de ses banlieues, Saint-Denis-de-Brompton, continue de faire bonne figure (+63 %). Notons également une progression de 8 % du côté de la ville de Granby (419 mises en chantier), notamment avec 290 nouveaux logements locatifs commencés.

  • On a observé une baisse de cadence de 22 % (2 918 mises en chantier) au premier semestre de 2022 dans la région de la Capitale Nationale qui, rappelons-le, vient de connaître une activité record au chapitre de la construction résidentielle l’an dernier. La ville de Québec (2 563 mises en chantier) a enregistré une baisse de régime de 21 %, malgré l’ajout de 2 181 logements locatifs. La ville de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier a cependant fait mentir la tendance baissière, avec 127 mises en chantier, soit une accélération de 195 % comparativement aux six premiers mois de 2021.

  • Quatre autres régions ont connu des baisses de rythme dans la construction résidentielle en ce début d’année, soit la Côte-Nord (-11 %), le Bas-Saint-Laurent (-11 %), les Laurentides (-12 %) et l’Abitibi-Témiscamingue (-30 %). On y a recensé 17, 118, 2 095 et 137 mises en chantier respectivement.

On peut consulter le rapport complet en cliquant ici.

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