Passeport vaccinal : démarrage empathique et zones d’ombre à éclaircir

Beaucoup de confusion ce matin autour du passeport vaccinal en raison du texte trop bref et flou du décret. De sa publication tardive aussi. Sauf qu’à mesure que la journée avance, les zones grises s’estompent et les divers ministères arrivent à s’entendre sur la même définition des mots. Résumons la situation à l’heure actuelle.

Premier point clair comme du crystal celui-là : les transactions avec les consommateurs sont assujetties à la preuve vaccinale dans toutes les grandes surfaces (1500 mètres carrés ou 16 165 pi ca et plus).

On ne vous raconte pas le nombre de marchands qui ont candidement remesuré leurs pieds carrés au cours du week-end pour finalement se rendre compte qu’ils sont moins grands qu’ils pensaient (!) ; plusieurs affichent subitement ce matin des superficies autour de 15 000 pi ca, soit sous la barre les obligeant à demander le passeport vaccinal à leurs clients.

Comme nous disait un quincaillier après les deux premières heures d’ouverture : les files d’attente avant de pouvoir entrer, tout un cadeau à offrir aux vaccinés !

Les gens semblent malgré tout sympathiques aux employés des centres de rénovation qui ont la mission forcée de leur demander leur code QR et leur identité.

Qu’en est-il des entreprises de construction ?

Le cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux a informé les médias qu’aucune clientèle des grandes surfaces ne pouvait être exemptée de présenter une preuve vaccinale. L’AQMAT revendiquait que les quincailleries de toute taille continuent d’être considérées essentielles, mais n’a jamais demandé de statut spécial pour les entrepreneurs. On a, en revanche, fait valoir que les « contracteurs » devaient pouvoir continuer d’utiliser leurs propres accès et les sections non publiques des centres de rénovation.

Les entreprises de construction et leurs travailleurs, ce qu’on appelle le B2B dans le jargon des affaires, ne sont donc pas concernées directement par le décret. Cela ne signifie pas qu’elles peuvent contourner indirectement la portée du décret. Autrement dit, si un ouvrier se pointe à la porte principale d’un centre de rénovation, il devra se placer en file comme les consommateurs.

Ce qui amène naturellement l’AQMAT à demander aux centres de rénovation concernés de multiplier les contacts par téléphone et courriel avec les entrepreneurs reconnus de leur région pour les convaincre de profiter des services qu’ils offrent aux professionnels : des heures d’ouverture souvent différentes, des entrées privilégiées, souvent protégées par des codes d’accès et non accessibles au public en général, des relations directes (par texto) avec les responsables des cours à bois, la livraison sur les chantiers, des paiements électroniques ou par chèques plutôt qu’à la caisse physique, etc.

Mentionnons que la notion d’entreprises inclut toute société incorporée du domaine de la construction, notamment les entrepreneurs généraux et spécialisés, les électriciens, les plombiers, etc.

La direction de l’AQMAT insiste auprès de ses membres pour qu’ils prennent tous les moyens afin que la clientèle professionnelle soit filtrée avec minutie afin d’éviter des frustrations chez le grand public qui pourrait se sentir lésé en voyant des individus ne pas respecter la file d’attente ou le poste de contrôle.

« Depuis une semaine, nous avons défendu que la logique qui prévaut pour la Loi sur les heures et jours d’admission devait ici aussi s’appliquer, à savoir que les consommateurs et les services aux entreprises, ce sont deux activités distinctes. Nous sommes donc heureux que la décision du gouvernement respecte cela », d’affirmer Richard Darveau, président de l’AQMAT.

Ça commence aujourd’hui, mais ça finit quand ?

Même si le décret ne comporte pas de date de péremption, ce qui est compréhensible puisque personne ne peut connaitre à l’avance les vagues éventuelles de surcontamination ni l’apparition de nouveaux variants, nos discussions avec les autorités du ministère de l’Économie et de l’Innovation sont à l’effet que la mesure de contrôle aux entrées sera temporaire. « Plus précisément, nous sommes confiants qu’elle ne sera plus en force quand le temps doux reviendra et avec lui, la reprise des chantiers et des travaux menés par les propriétaires résidentiels », soutient M. Darveau.

D’ailleurs, la direction de l’AQMAT va prendre les moyens pour éviter que le passeport vaccinal ne soit suivi d’autres mesures, car on se souvient que les restaurants, les établissements culturels et d’autres activités ont été fermés par le gouvernement après l’imposition du passeport. D’où la question légitime suivante : ça marche ou pas le passeport ?

Votre association va veiller au grain pour que le passeport demeure exigé le moins longtemps possible et que d’autres mesures encore plus contraignantes ne s’ajoutent pas dans les semaines à venir.

« On a de bonnes raisons de croire qu’à la mi-mars, évidemment sous réserve qu’un nouveau variant ne prenne pas le relais de l’Omicron, le passeport ne sera plus exigé dans nos plus grands magasins », affirme Richard Darveau, président de l’AQMAT qui a accordé une trentaine d’entrevues médias ce week-end et ce matin.

Deux inquiétudes persistent

L’AQMAT continue de marteler que la mesure imposée aux commerces de plus de 1500 mètres carrés inquiète les troupes sur deux plans.

D’une part, les plus grandes surfaces doivent à partir de ce matin noliser des ressources humaines et logistiques pour gérer une file constituée pratiquement à 100 % de gens dûment vaccinés, étant donné que les autres auront compris le message et ne se pointeront pas dans ces magasins.

Affecter du personnel, du moins tenter de les convaincre de « jouer à la police » à l’entrée, les remplacer dans leurs fonctions habituelles dans le magasin, souvent embaucher des agents de sécurité, parfois modifier les lieux physiques pour gérer les clients et contrôler les accès, veiller à ce que les gens en queue respectent les deux mètres de distanciation et demeurent courtois et patients, voilà autant d’actions nouvelles à mener à compter de ce matin.

D’autre part, l’AQMAT craint que le personnel des plus petites quincailleries se sente assiégé par des hordes de non-vaccinés qu’il devra tout de même servir.

« On est aussi en droit de se demander si les plus petits commerces ne vont pas perdre en achalandage puisque la plupart des 92 % de vaccinés voudront sans doute préférer la fréquentation des établissements où la preuve vaccinale est exigée », croit le porte-parole de l’AQMAT.

« Autrement dit, on aura déplacé le problème de s’attaquer à la conversion des non-vaccinés plutôt que le régler », soutient M. Darveau.

De meilleures solutions sont possibles

L’AQMAT tend la main au gouvernement à chacune de ses interventions pour proposer d’autres moyens plus efficaces que le passeport vaccinal pour participer à la décongestion du système hospitalier et convertir des non-vaccinés.

« Si le gouvernement concevait des messages d’intérêt public incitant toute la population, vaccinée ou non, tous les opérateurs économiques aussi, à réduire leurs déplacements en magasin afin de privilégier les sites webs des entreprises établies au Québec ainsi que les services à l’auto, cela réduirait considérablement les occasions de contacts, donc de contaminations. Le gouvernement pourrait même pousser sa chance et demander aux bannières de ne pas effectuer de promotions en magasin trop agressives pendant quelques semaines. Certaines accepteraient sans doute. »

La vraie solution consiste à s’éduquer à vivre avec le virus et avec des non-vaccinés.

La direction de l’AQMAT, après consultation des sources scientifiques officielles et non liées au politique en vient à la conclusion qu’un taux de vaccination de 90 % et plus, face à n’importe quel virus, peut être considéré comme optimal.

Dès lors, les efforts doivent être investis à améliorer le comportement de toute la population et de ses acteurs économiques pour que des changements permanents s’installent quant aux normes d’hygiène et de distanciation.

Afficher sa superficie de magasin

Les membres doivent aussi garder en tête que les clients ne peuvent connaitre les pieds carrés de magasin, d’où le risque que certains se demanderont pourquoi vous l’exiger et d’autres, pourquoi vous ne l’exiger pas. Pour réduire ces frustrations, il faut afficher clairement la taille de votre magasin.

Cliquer ici pour accéder aux affiches conçues par l’AQMAT afin de bien renseigner les clients qui arrivent sur la superficie de vente de votre quincaillerie.

À propos de la vaccination aussi des employés

Vendredi soir, sur les ondes de RDI Économie alors qu’il était l’un des invités de Gérald Fillion, M. Darveau a affirmé que ça se passait plutôt bien dans les centres de rénovation où au fil des mois de pandémie, les relations entre clients et employés se sont empreintes de confiance et d’humanité, d’où son verdict : « Il n’était vraiment pas nécessaire de nous forcer à jouer à la police ».

L’entrevue de dix minutes a également abordé la question de la vaccination des employés. Le président de l’AQMAT a admis que quelques membres aimeraient se reposer sur une loi pour imposer le contrôle vaccinal à leurs employés sans risquer de poursuites. Il a toutefois ajouté deux bémols :

« On touche ici à l’intégrité physique des personnes, un sujet délicat. Mais surtout, la pénurie de main-d’œuvre fait que les employés ont le gros bout du bâton. Si un employeur leur impose de nouvelles contraintes, ils trouveront facilement du travail ailleurs. »

Cliquer ici pour voir l’entrevue sur RDI à Zone Économie.

 

 

 

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