La division Économie et marchés du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) a la (bonne) habitude de partager généreusement ses compilations de données sur la consommation et la production de bois d’œuvre résineux au Canada et aux États-Unis. Dans son rapport d’hier, plusieurs points méritent l’attention des membres de l’AQMAT et desquels on peut extrapoler certaines prévisions.
D’abord, la consommation de bois d’oeuvre au pays et chez nos grands voisins a crû de plus de 55 % en une décennie pour atteindre le chiffre record de 51,5 millions de pieds mesure de planche (pmp) en 2020.
Au premier trimestre de l’année courante, l’augmentation ne semble pas s’essouffler puisqu’on note une consommation estimée supplémentaire de 3,7 % par rapport à janvier-février-mars 2020.
Si on isole la production des scieries québécoises depuis les dix dernières années, on est étonné de constater que 2020 n’a pas été une année record, même que l’année précédente (2019) a été meilleure et que l’année avant celle-ci (2018) a aussi été supérieure en quantité de production.
La situation au Québec est tout de même plus rose qu’en Colombie-Britannique. Dans les années 2010 à 2018, on sortait là-bas entre 11,3 et 13,3 millions de pmp de bois d’œuvre, mais les incendies répétés et des attaques d’insectes ont réduit la production à 9679 Mpmp en 2019, puis à 8923 Mpmp l’an passé.
À l’échelle de tout le pays, il se produit ni plus ni moins, à 5 % près, la même quantité de bois d’œuvre par année depuis une décade. Et les premiers mois de 2021 affichent une augmentation, certes, mais peu significative par rapport à ce qu’on aurait pu croire en qualité d’observateurs de cette scène de suractivité de construction et de rénovation qui sévit depuis l’arrivée de COVID-19 dans nos existences.
On peut donc en déduire que les inventaires sont bas dans les scieries parce que tout est vendu et livré aussitôt que produit, mais que la production totale n’augmente pas vraiment en raison du manque de main-d’œuvre et d’une autre variable importante dans l’équation : les limites quasi atteintes de l’exploitation de la forêt publique. Le seul potentiel important se situe au niveau des terres privées, mais une telle perspective n’est possible qu’à long terme.
En revanche, aux États-Unis, en dix ans, la production de bois d’œuvre a régulièrement grimpé de 8 à 9 % chaque année, passant de 24,8 Mpmp en 2010 à 36,7 Mpmp en 2020.
C’est donc grâce à une production surtout américaine que la demande accrue en bois d’œuvre de la part des consommateurs, des chantiers et des institutions a pu être satisfaite… ou tentée d’être satisfaite à ce jour.