Les quincailleries à l’heure des poules

Au Québec, environ 80 municipalités autorisent l’élevage de poules pondeuses en ville. Un phénomène qui se répand à Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe et Lévis. Comment les quincailleries et marchands de rénovation répondent-ils à cet engouement des citoyens pour les poules qui sont réputées pour leur intelligence ? Tour d’horizon.

Au début de la pandémie, au printemps 2020, des milliers de poules pondeuses ont été vendues en un temps record dans les 17 magasins BMR liés à Novago Coopérative, disséminés sur six régions du Québec. « Cette année, on assiste à une augmentation d’environ 10 à 20 % des ventes de nos poules pondeuses et on constate aussi une demande pour des canes, cailles et dindonneaux », explique Nicolas Simon, co-directeur des opérations et des ventes chez BMR Novago Coopérative.

La clientèle varie selon la localisation du commerce. Dans les magasins situés près d’une ville comme Trois-Rivières, des adultes dans la trentaine et des parents d’enfants font l’acquisition de poules urbaines tandis qu’à la campagne, il s’agit plutôt de « gentleman farmers » dans la jeune cinquantaine, observe M. Simon. Encore cette année, on note une hausse des ventes concernant la panoplie d’accessoires pour la fabrication de poulaillers et l’achat de nourriture.

Même son de cloche du côté de l’Estrie chez la copropriétaire du RONA Waterville et du Centre de rénovation Stanstead, Stacy Boulet, qui a commencé cette année l’élevage de 36 poules pondeuses.

« C’est tellement populaire qu’on commence à prendre de nouvelles commandes pour la livraison de poules pondeuses à la mi-juillet », révèle la jeune femme dans la vingtaine et maman de deux enfants qui observe que cette tendance répond au désir d’achat local, mais aussi au besoin d’autonomie alimentaire et de consommer des produits frais.

Populaires

Bien avant la pandémie, en 2017, les ventes de poulaillers clé en main de la marque Urban Burrows ont commencé à être populaires auprès des clients de 21 succursales Patrick Morin.

« C’est la troisième année que l’on connait un engouement pour nos poulaillers, mais l’an passé, cela a été phénoménal, raconte France Miron, responsable des achats au siège social. « Avec la pandémie, les gens, limités dans leurs déplacements ont plus de temps pour cultiver leurs légumes et garder les poules ».

Entretemps, plusieurs Montréalais ont quitté la ville pour vivre à la campagne. « On a vu une explosion des ventes dans les secteurs de Prévost, de Chertsey et de Saint-Donat. Pas seulement les poulaillers, mais tout ce qui est lié au plein air, dont les barbecues, les patios, les décorations pour le jardin et même les kayaks », précise-t-elle.

Mme Miron estime que le phénomène est là pour durer. « Une fois qu’on goûte à un œuf frais ou une carotte cueillie du jardin, on n’est plus capable de s’en passer », ajoute-t-elle. Plusieurs consommateurs, obligés de porter leurs masques toute la journée et habitant dans une municipalité avec un couvre-feu à 20 heures, veulent sortir et profiter du grand air.

Raisons

Chez Patrick Morin, on prévoit que les 700 poulaillers clé en main Urban Burrows, fabriqués en Asie et arrivés début avril, vont partir rapidement. « C’est la folie encore cette année », confirme spontanément Louise Latour commis depuis 2015 au magasin Patrick Morin de Sorel-Tracy.

Le modèle, facile d’assemblage, est prisé par les consommateurs comme Andrée-Ann Néron qui a tenu à réserver le sien en mars. La maman d’une fillette de 8 ans a commencé l’année dernière à garder quatre poules dans sa cour à Sorel-Tracy. Sur son terrain, entouré d’une grande haie de cèdres, les volailles de différentes couleurs s’empressent de l’accueillir. « C’est comparable à une thérapie. Elles sont intelligentes et affectueuses », énumère-t-elle, enthousiaste. En juin, elle accueillera trois autres poules pour remplacer éventuellement les autres qui ne seront plus fécondes.

« La pandémie, pour moi, c’est un peu un retour à mes racines. Comme bien des gens, j’ai commencé à fabriquer mon pain, cultiver mon jardin et je récolte environ 1300 œufs frais par année », raconte celle qui est née à Girardville, au Lac-Saint-Jean. Son père de 80 ans mange aussi des œufs frais provenant des poules de son jardin.

La Fédération des producteurs d’œufs du Québec met en garde les consommateurs qui achètent des poules urbaines sur un coup de tête. « À l’automne, nous avons reçu des appels de gens qui se demandaient quoi faire avec leurs poules cet hiver », déplore Marie-Ève Landry. L’organisme a publié un guide éducatif sur l’élevage des poules en milieu urbain.

Si les poules urbaines se font populaires, tout quincaillier doit vérifier auprès de sa municipalité concernant l’acquisition de permis

Pour une bonne compréhension du phénomène et bien servir la population qui s’intéresse de plus en plus à ce loisir, la lecture de ce livre de référence signé Louise Arbour est recommandée. Plus de détails sur https://www.poulesenville.com/

L’engouement pour les poules urbaines a commencé au Québec, il y a une dizaine d’années, selon Alain Lippé, directeur des ventes et du marketing de Quality Craft qui importe d’Asie les poulaillers Urban Burrows, vendus dans les quincailleries au Québec.

Les poules font le bonheur des enfants comme Alexanne Néron, 8 ans de Sorel-Tracy, la fille d’Andrée-Ann Néron qui a travaillé 10 ans chez Patrick Morin de Sorel-Tracy.

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