Cuvée 2020 en mises en chantier : un bon millésime, mais pas aussi exceptionnel que 2019

Il en va des statistiques de mises en chantier résidentiels comme des vins : certaines années réunissent toutes les conditions pour en faire des cuvées inoubliables, d’autres sont plus ordinaires, mais tout de même très recommandables. Aussi chouette est le chiffre 2020, plein de rondeur, il nous donnera moins de nouvelles constructions que l’année passée.

Les conditions gagnantes pour des statistiques de mises en chantier records tant au niveau de l’unifamilial, le locatif que la copropriété sont notamment les suivantes :

  1. l’activité économique en général;
  2. des taux d’intérêt attrayant pour emprunter;
  3. des taux bas de chômage et d’emploi;
  4. des politiques de garanties de prêt favorables aux premiers acheteurs;
  5. un équilibre politique et une stabilité de l’économie mondiale;
  6. une démographie en croissance;
  7. et des politiques d’immigration à l’avenant.

Or, quand on scrute ces variables une à une et qu’on les compare à la situation qui prévalait il y a douze mois, on peut affirmer avec une marge d’erreur gérable que :

  1. le Canada et par à-coup, le Québec ne connaîtront sans doute pas de récession, mais surferont sur une croissance douce, laquelle se faisait timide déjà dans les dernières semaines de 2019;
  2. depuis la fin de 2018, le taux directeur de la Banque du Canada sur lequel se basent les banques à charte pour établir leurs tarifs hypothécaires est stationné à 1,75 %. Considérant une économie nationale ralentie par rapport à 2019 et une activité politique effervescente surtout en raison du président du pays voisin pour le moins imprévisible, les taux d’emprunt devraient tout de même demeurer prudents, ce qui veut dire aucun changement ou une légère baisse;
  3. on va encore subir un certain état de pénurie, bien le pire soit derrière nous pour deux raisons : les entreprises en ont profité pour améliorer leur productivité et les cohortes d’immigrants devraient être plus réduites;
  4. le plafond du Régime d’accession à la propriété (RAP) ayant été remonté et les conditions de la SCHL ayant été assouplies, les consommateurs seront tentés d’en profiter pour acquérir une première propriété;
  5. 2020 sera une année de gouvernement minoritaire au Canada, de courses à la chefferie dans plusieurs partis au Québec et au Canada, d’élections présidentielles aux États-Unis, notre principal partenaire économique, tout cela sur un fond de conflits régionaux stratégiques en Asie et au Moyen-Orient. Du point de vue du citoyen et des investisseurs, une attitude prudente pourrait prendre le dessus. J’ajoute que les relations bilatérales entre le Canada et la Chine sont loin d’être au beau fixe, ce qui pourrait inciter les plus riches des Chinois à ralentir leur frénésie d’achat de propriétés au Canada;
  6. le taux de natalité au Québec continue de baisser depuis 1960, s’établissant maintenant à 1,57 enfants par ménage, soit un nombre trop bas pour assurer le maintien de la population. Certes, la démographie totale augmente, toutefois en raison principalement du facteur longévité, une clientèle qui a peu ou pas d’impact sur les statistiques de construction de maisons;
  7. on ignore si la CAQ reculera dans ses intentions d’élever les barrières à l’entrée des immigrants et d’en réduire leur nombre. On ignore aussi si le gouvernement libéral fédéral pourra convaincre les autres partis de se lancer dans une nouvelle aventure d’accueil de réfugiés politiques ou climatiques. Eux aussi l’ignore, si je puis me permettre d’être sarcastique.

En somme, l’AQMAT recommande à ses membres marchands, distributeurs et fabricants de mettre beaucoup d’efforts dans les produits et services destinés au secteur de la rénovation et de l’entretien afin de compenser pour un marché du neuf où les acheteurs pourraient se montrer plus hésitants que l’an passé.

L’AQMAT prévoit que seule l’agglomération de Montréal restera stable alors que les autres essuieront des baisses de l’ordre de 10 % en moyenne. Il est à prévoir que plus de 80 % des nouvelles constructions seront des logements locatifs en 2020.

Et pour finir sur la note œnologique avec laquelle j’avais amorcé ce blogue, je prédirai que nous boirons encore du bon vin, mais plus raisonnablement!

Nouvelle maison : L’année 2019 aura été la meilleure année pour la construction résidentielle dans les centres urbains du Québec depuis cinq ans. Notons cependant que la construction de maisons individuelles a fléchi de 3 %.

 

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