Je n’ai pas le mandat de vous dire pour quel parti voter le 21 octobre et encore moins la permission de vous dévoiler pour qui, moi, comme citoyen, j’entends donner ma confiance. Mais c’est mon rôle, comme président et chef de la direction, d’analyser les formations en lice selon les priorités des membres et de l’industrie afin qu’on maximise par nos votes l’élection de députés et de partis qui se montrent les plus sensibles à nos intérêts.
- Plus de petites entreprises doivent devenir grandes
Dans une économie de plus en plus continentalisée, pour ne pas dire mondialisée, trop peu de nos quelque 250 000 PME au Québec prennent les moyens de grandir pour acquérir une taille moyenne et éventuellement faire partie des ligues majeures.
En fait, une étude du Conseil du patronat du Québec vient de révéler qu’à peine 300 entreprises emploient plus de 500 employés au Québec, soit moins de 2 % de tous les employeurs.
Et cela est dommageable, car qu’on le veuille ou non, la taille a de l’importance.
Quand on reste trop petit, on dispose de moins de marge financière pour bien payer ses effectifs, d’où un plus grand taux de roulement. On a moins d’argent et de temps pour faire de la recherche et développement (R-D). On sous-traite moins, donc on a moins d’impact sur le tissu économique de notre région. On échappe des appels d’offres par manque d’inventaire ou de volume de production.
- Vers un écosystème solidaire
Les Canadiens dans leur ensemble – et les Québécois n’y font pas exception – sont connus pour exprimer moins fortement leur patriotisme que les Américains. Sauf que depuis le premier mandat du président d’Obama et encore aujourd’hui sous l’ère Trump, les États-Unis se montrent protectionnistes.
L’AQMAT a participé avec la direction de six bannières en quincaillerie à mettre sur pied « Bien fait ici / Well Made Here ». Objectif : valoriser l’achat en magasin de produits qui satisfont les normes de construction et sont fabriqués dans des usines d’ici. Déjà plus de 100 manufacturiers y ont souscrit et s’activent à actualiser leur étiquetage de produits et leur marchandisage afin d’intégrer le logo du programme.
- Plus d’économie durable
On oppose de moins en moins la protection environnementale au développement économique. Car la première idée peut être porteuse d’emplois et créatrice de richesse alors qu’on attend de la deuxième qu’elle intègre la notion de durée, donc de réduction de la pollution et du gaspillage.
Or, un centre de rénovation qui voudrait participer à la réduction des pertes en matériaux que l’on constate sur tous les chantiers de construction ne reçoit présentement aucune aide de l’État.
De la même manière, une PME qui veut par exemple développer des technologies plus propres ou carburer aux énergies renouvelables ne reçoit pas toute l’aide publique à laquelle ont droit les grandes entreprises.
- Des règles assouplies pour obtenir de la main-d’œuvre
Face à la pénurie de main-d’œuvre subie autant par les quincailleries que par leurs fournisseurs, on fait face à plusieurs obstacles, dont les trois suivants :
- le durcissement de l’assurance-emploi a pour effet que les commerces comme les usines perdent le contact avec leurs travailleurs saisonniers étant donné que ceux-ci n’ont plus le droit de travailler ne serait-ce qu’une journée par semaine pendant la saison morte;
- les règles de pension découragent toute personne âgée, mais en forme, volontaire et disponible, de travailler, ce même à temps partiel ou occasionnel;
- l’accès à la main-d’œuvre étrangère est trop limité par le caractère temporaire de ces embauches, cela attribuable au statut de non-citoyenneté des immigrants.
- L’encouragement à la rénovation
Environ deux millions des 3,5 millions de logements au Québec ont été construits il y a plus de 25 ans, avant les normes d’efficacité énergétique et autres technologies apportant plus de confort et de sécurité. Or, le dernier budget du gouvernement sortant a prévu un milliard $ pour l’amélioration de l’efficacité énergétique des immeubles, dont 300 millions $ pour soutenir la rénovation résidentielle via un fonds municipal vert géré par la Fédération canadienne des municipalités.
Tout comme l’APCHQ, nous pensons que des crédits d’impôt luttent efficacement contre le travail au noir, une plaie dans notre industrie, entraînant du même coup des retombées positives pour l’État.
L’AQMAT entend faire les représentations nécessaires pour que les fonds prévus dans le budget fédéral 2019-2020 soient maintenus par le prochain gouvernement, quel que soit le parti qui le forme. L’importance sociale et économique de la rénovation – plus de 13 milliards annuellement, juste au Québec – mérite d’être d’encouragée, tant par les propriétaires-occupants que par les propriétaires de logements du parc locatif.
Richard Darveau
Président et chef de la direction
AQMAT