Le temps des Fêtes, si Fêtes il y a eu, a été plus propice aux échanges de points de vue sur ce qui est essentiel que sur les échanges de cadeaux. Ce qui importe, c’est de poursuivre le dialogue avec les membres, le gouvernement et les médias. Nous considérons nécessaire de le aujourd’hui.
Par ses messages prônant la prudence et la solidarité, la direction de l’AQMAT a surtout reçu des appuis, mais certains marchands trouvent difficile de sélectionner les produits essentiels ou non.
Il importe de souligner que le gouvernement a consenti de permettre aux quincailleries et centres de rénovation d’ouvrir alors que les boutiques spécialisées, comme celles en baignoires, en luminaires ou en peinture, sont tenues de demeurer fermées.
De ce fait, si des quincailliers se permettent de vendre des produits normalement offerts aussi chez ces concurrents, politiquement parlant, pour conserver une paix sociale, le premier ministre sera obligé de nous fermer aussi.
Nous pouvons ouvrir uniquement pour rendre service aux propriétaires résidentiels qui éprouvent des problèmes avec leur propriété. Sans ce caractère d’urgence, le gouvernement n’aurait aucune raison de nous accorder ce passe-droit.
Comme on dit en Québécois, « ne poussons pas notre luck ».
Et rappelons-nous que l’ouverture est une option : si un marchand et ses effectifs trouvent la situation trop difficile à gérer, il garde la possibilité de ne pas ouvrir ou de n’ouvrir que certaines heures et certains jours.
Aurait-il été préférable d’obtenir une liste exhaustive des produits essentiels ? Notre position depuis le début a toujours été que si le gouvernement ne fournit pas de liste, qu’il accepte de donner une certaine latitude d’interprétation aux marchands dans leurs relations avec les clients.
Or, c’est ce qui se passe sur le terrain. Au meilleur de notre connaissance, aucune inspection par la CNESST ou la police n’a fait fermer une quincaillerie. Des avis écrits ou verbaux ont tout de même débouché sur la fermeture de certaines sections de magasins.
Un tel flou dans la définition de ce qui est ou non essentiel n’est pas idéal, on en convient. Rien n’est parfait en temps de guerre. Mais une fermeture généralisée serait-elle préférable ? Poser la question, c’est y répondre.
Tout quincaillier veut faire de l’argent, cela va de soi. Et l’année 2020 a été exceptionnelle si on la compare aux années antérieures, mais aussi aux autres secteurs du commerce de détail.
« Mais est-ce que l’argent est le seul mobile pour opérer une quincaillerie ? », demande à voix haute Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT. Il répond lui-même à sa question : « Cela fait douze ans que je fréquente les quincailliers et je n’en ai rencontré aucun à ce jour qui m’a dit que son seul but était de faire de l’argent. Tous veulent rendre service, se sentir utiles. Or, cette pandémie et surtout ces semaines-ci nous donnent l’occasion comme jamais d’être au service de sa communauté ».
Servir les entrepreneurs en construction
L’AQMAT croit aussi judicieux de rappeler à ses membres que toute la réglementation touchant les heures et les jours de commerce ainsi que la définition de ce qu’est un produit essentiel ou non ne couvre pas les relations qu’un centre de rénovation peut avoir avec des entrepreneurs en construction.
Puisque les chantiers sont pour la plupart en opération, nos membres n’ont pas à censurer leur offre de produits pour cette clientèle dite professionnelle.
On a abondamment parlé de restreindre des services comme la coloration de peinture auprès du propriétaire résidentiel. En revanche, un peintre en bâtiment qui est à livrer la déco d’un édifice à condominium peut être servi comme en temps normal.
Nous n’allons pas défiler ad nauseam les exemples, l’important ici étant de comprendre qu’une vente « B2B » n’est pas assujettie à l’objectif collectif de réduire l’achalandage en magasin et la circulation des personnes dans les rues.
Cependant, que ce soit pour approvisionner le consommateur ou l’entrepreneur, les règles d’hygiène et de distanciation demeurent en application. Il en est de même de l’obligation de ne pas donner accès en libre-service à quiconque aux sections contenant surtout des produits qui ne sont pas en lien avec des actions comme réparer ou entretenir.
Ce sont les gens qui faut éduqués. Pour travailler en quincaillerie les gens viennent nous voir parce qu’ils n’ont rien à faire. C’est pas vraiment à nous à jouer à la police.